335 – LIBERTE CHERIE

Par les temps qui courent, les media n’ont qu’un mot à la bouche : «Liberté d’expression » ! Ils clament haut et fort leur droit de dire tout et n’importe quoi…

 Nous sommes tous pour la liberté, c’est un beau mot qui fait rêver. « Il est interdit d’interdire » clamait le slogan de Mai 68. Mais faut-il rappeler que notre liberté individuelle s’arrête là où commence celle des autres ? Même dans un pays de liberté, il doit exister des interdits. Comme l’on ne peut pas tout faire, l’on ne peut pas tout dire. Je ne peux pas agresser mon voisin, ni physiquement, ni verbalement. Je n’ai pas le droit de l’insulter. Je n’ai pas le droit de salir la réputation de ceux que je n’aime pas. Je n’ai pas le droit de cracher sur le drapeau de mon pays, ni de le piétiner ni de le brûler, car c’est un symbole sacré. Je n’ai pas le droit de dire que la fille de mon voisin est une putain car je salis sa famille…

Il existe donc bien des territoires interdits, des zones délicates, des sujets sensibles, que l’on ne traite qu’avec le bout de la plume. Nous avons tous au fond de nous une image sacrée, c’est-à-dire la représentation d’une valeur intangible, à laquelle nous n’acceptons pas que l’on porte atteinte, sous aucun prétexte. Chacun de nous porte en lui un territoire sacré qui varie suivant les époques, les lieux et les communautés. Vous n’accepteriez pas que je dise que votre père est un sale con ou que votre famille est dégénérée. Vous seriez profondément offusqué et blessé si je disais que vos attaches culturelles sont arriérées ou débiles.

Vous et moi savons qu’il y a des limites à la liberté d’expression. On ne peut pas tout dire,

liberté pour les caricaturistes

même la vérité, si elle blesse les autres ou heurte leurs convictions profondes. On ne peut divulguer des faits avérés s’ils mettent en danger la vie d’autrui, la réputation d’une famille ou la sécurité d’un pays. Tout cela est du bon sens que vous et moi partageons. Mais les media voudraient s’affranchir de ces limites qu’ils jugent intolérables. C’est une bien grande prétention et une singulière arrogance. Récemment un quotidien français, proche du pouvoir socialiste qui n’aime pas les riches, s’est adressé au patron de la société LVMH, en première de couverture, avec ce titre insultant : « Casse-toi, riche con ». Le Journal  se retranche derrière le paravent facile de la liberté d’expression. Mais qui oserait titrer « Casse-toi sale Arabe ou sale Juif » au nom de la même liberté d’expression ? Heureusement, sans doute personne. Pourquoi un riche, même con, n’aurait pas droit aux mêmes égards ?

Les Ayatollahs de la laïcité aiment beaucoup insulter les religions et ils se croient drôles. Bien sûr, vu de l’extérieur, toutes nos religions, nos croyances, nos rites, nos tabous ou nos symboles sacrés paraissent débiles. Même le stupide Charlie Hebdo n’oserait pas faire une caricature insultante sur Jean Moulin, sur Pierre Brossolette, sur Jean-Jaurès ou même sur mère Térésa, tous des monstres sacrés. Nous avons donc tous nos symboles sacrés.

Salir un symbole sacré, cela se nomme un sacrilège. Dans toutes les civilisations, il s’agit d’un interdit absolu. « On ne connaît pas de société ayant pignon sur rue qui ne repose sur un interdit » s’exclame Régis Debray dans son très beau livre intitulé Jeunesse du sacré et dont je recommande la lecture aux journalistes de Charlie Hebdo. Cet hebdomadaire, qui aime la provocation, s’est cru autorisé à publier des caricatures de Mahomet, dont ses lecteurs se foutent éperdument, pour le simple plaisir de choquer. Bien entendu, pour les Occidentaux, Mahomet ne représente pas grand-chose et ils n’ont qu’une très vague idée de qui il fut. Néanmoins, Il est important pour les Musulmans, et ils considèrent qu’il est sacrilège de caricaturer le Prophète. Bien, c’est leur droit !

 Dans ces conditions laissons Mahomet tranquille, Laissons Abraham et Moïse tranquilles, laissons Jésus et ses Saints tranquilles. Laissons aux adeptes des religions le soin de protéger et de vénérer leurs symboles sacrés qui n’appartiennent qu’à eux. Que Charlie Hebdo vénère ses propres idoles laïques, sans obliger les autres à les partager. Les media sont arrogants et ont une vision de la liberté d’expression à géométrie variable. Ils se permettent d’insulter sans retenue ceux qu’ils méprisent mais n’admettent pas que d’autres disent certaines vérités qu’ils ne veulent pas entendre.

La liberté première, c’est de pouvoir exprimer ses croyances profondes sans être insulté. L’insulte et le sacrilège ne font pas partie de la liberté d’expression. Charlie Hebdo est moralement condamnable, même si la morale ne fait pas partie de ses valeurs. Il n’est jamais interdit d’être intelligent.

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3 commentaires

  1. Bravo, il fallait le dire, et de cette façon là! il faut vraiment être pervers pour attaquer un monde en feu qui n’attend que cela pour justifier la barbarie! françoise

    ________________ Françoise Since 25, rue Pra de Pé 83570 COTIGNAC Tel. 0494695335 Port. 0632417355 _________________

  2. Ce sont de nouvelles guerres du moins… celles que les ”médias” en font avec leurs désinformations. Ils aiment mettre le feu aux poudres sans respect avec des pétards mouillés. Mais nous qui les lisont et les écoutont, sommes obligés de faire la part des choses et chacun a son interprétation avec sa propre logique. Par contre sans eux, nous continuerions à vivre dans le temps de la grande noirceur médiatique. Il y a les Bons journalistes et les mauvais journalistes…

  3. pour l’insulte d’accord .mais es critiquer un texte religieux portant atteinte au non croyant ou a leur liberté serait un sacrilège

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