344 – LES PIGEONS SAVENT VOLER

Nous sommes en France pour deux semaines que nous mettons à profit pour tenter de décrypter l’orientation que prend ce pays, sous l’impulsion du nouveau Gouvernement.

Nous avons déjà réalisé un premier diagnostic lors d’une récente chronique (336), mais il faut revenir sur le sujet. Nous avons déjà dit que face à un grave déficit il convient d’agir sur deux fronts : réduire les dépenses et augmenter les recettes. Hélas, le nouveau gouvernement marche à cloche pied car il ne s’appuie que sur la jambe fiscale. Comment espérer réduire les déficits et la dette si le pays ne se résout pas à faire de sérieuses économies ? A quoi vont servir les milliards que le gouvernement veut prélever sur les citoyens, si le tonneau est percé ? C’est le dilemme de la Grèce !

Donnons quelques chiffres sur le budget 2013 :

Dépenses : -370,9 Milliards d’Euros

Recettes :   +309 ,3

Déficits :      – 61,6   soit 20% des recettes

Ceci signifie que le gouvernement propose d’augmenter la dette de 61,6 milliards qui vont s’ajouter aux déficits des années précédentes, sans compter les déficits intolérables de l’assurance maladie, du système des retraites, etc… Ce n’était pas la peine de fustiger les déficits, dût au gouvernement précédent, pour ne pas faire mieux ! Les dépenses de l’Etat atteignent aujourd’hui 56% du PIB. Ainsi le secteur public, qui n’est pas créateur de richesse, absorbe 56% de la richesse du pays qui doit être financée par le secteur privé ! Cela devient tout à fait impossible puisque la France continue à consommer le futur, elle dépense ce qu’elle n’a pas encore gagné et ce qu’elle ne gagnera sans doute jamais.

 Nous trouvons l’atmosphère ici assez délétère et pessimiste. Il semble que le peuple commence à se rendre compte du degré d’incompétence et de manque de courage de l’équipe au pouvoir. Un assemblage hétéroclite d’un ancien professeur d’Allemand, de personnel politique sans aucune expérience des affaires, un avocat sans cause et un Président habile mais totalement ignorant des lois fondamentales de l’économie. C’est un peu comme si l’on confiait la mise au point d’une fusée spatiale à une équipe dévouée et pleine de bonnes intentions, mais ignorante des lois de la physique. Le pays est au bord de la catastrophe économique, mais on sent l’improvisation au jour le jour. Le Président s’est fait élire avec la promesse de saigner les riches et cela semble bien parti !…

Tout le monde est d’accord de faire payer les riches, à condition de ne pas les assommer et de ne pas les insulter. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ! Les riches sont précieux, il faudrait au contraire les dorloter et les caresser dans le sens du poil et même les remercier de contribuer à la marche du pays. Sans les riches, le pays s’effondre. Parmi les multiples caractéristiques de la France, il en est une qui ne cesse d’étonner les étrangers : plus de la moitié des Français ne payent pas d’impôts et sont donc considérés comme des pauvres. Ce sont eux qui ont élu l’actuel gouvernement et qui, naturellement, applaudissent à toutes les augmentions d’impôts qu’ils ne paient jamais ! Il y a donc en France une minorité de riches qui font tourner la machine et vivre la majorité. La situation est ainsi depuis longtemps et le matraquage fiscal ne date pas d’aujourd’hui. Il semble seulement que l’on ait atteint le point de basculement, c’est à dire un niveau de prélèvement tel que les citoyens veulent réagir.

Puisque la poule aux œufs d’or est prise pour un pigeon, elle a soudain pris conscience qu’elle avait des ailes. Le monde est vaste et n’importe quel autre pays est devenu un paradis en comparaison de l’enfer fiscal qui se met en place. Les grosses fortunes quittent le pays et, depuis quelques semaines, les très beaux appartements des quartiers chics de Paris sont vendus à des Chinois ou à des riches du Qatar qui- eux- ne craignent rien puisqu’ils ne paient pas leurs impôts en France. Plus grave, les jeunes entrepreneurs, qui préparent les emplois de demain, commencent à comprendre qu’ils seront plumés s’ils restent en France. C’est tellement simple d’aller innover ailleurs, qu’il faut être masochiste pour refuser de partir à tire d’aile. Comme vient de l’écrire la très sérieuse Frankfurter Allgemeine Zeitung : « La France pourrait totalement étouffer son faible esprit entrepreneurial ».

 Que feront les retraités dont le pouvoir d’achat sera rogné, mois après mois, et qui seront appelés sans cesse pour être ponctionnés, puisque le tonneau est percé ? Iront-ils vivre au Maroc ou ailleurs, là où la vie est moins cher et les impôts moins lourds ? Vous l’avez compris, il ne restera que quelques travailleurs saignés à blanc et une multitude de pauvres. Cela signifie la ruine… Pour éviter le pire il faudrait faire les mêmes réformes douloureuses et impopulaires que les Allemands ont faites il y a plus de dix ans grâce à Schröder qui vient d’écrire : « Les réformes sont difficiles et leurs effets bénéfiques n’interviennent que des années plus tard (…) Et dans cet intervalle, la démocratie peut vous sanctionner. (…) Nous avons décidé que les réformes étaient indispensables, au risque de perdre les élections  ». Cela s’appelle du courage politique.

Nous l’avons déjà dit dans ces chroniques, nous pensons que les pays Européens ne se sortiront pas de cette crise sans passer par une phase de profonde dépression et sans un appauvrissement. Mais, pour être salutaire, cette cure d’amaigrissement doit s’accompagner d’une baisse très importante des dépenses de l’Etat afin de redonner de l’oxygène à l’économie. Les pays qui se contentent d’augmenter la charge fiscale sans autre réforme créeront la dépression sans espoir de guérison. C’est suicidaire, lorsque les français s’en rendront compte, il se peut qu’ils fassent la révolution.

 

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