Cette question m’est venue en lisant les chroniques d’Yves sur ce nouveau monde que nous avons à créer puisque l’ancien, c’est à dire le nôtre aujourd’hui, arrive au bout du bout.
Notre civilisation, au fil des millénaires, c’est développée sur le «toujours plus» : plus de nourriture, plus de biens, plus de protection, puis plus de confort, plus de technologie, plus , plus et encore plus. Globalement, nous pourrions dire que si nous gagnions 100, nous cherchons à gagner 120, puis 150, jusqu’à … nos limites personnelles.
L’Homme est ainsi fait, c’est ce qui fait sa force et son génie. Il est débrouillard et intelligent. Les limites de son intelligence commencent lorsqu’il s’agit de prévoir, de partager, de protéger.
Les hommes occidentaux d’aujourd’hui sont bardés d’assurances en tous genres mais … ils puisent, sans réfléchir plus loin que le bout de leur nez, dans les réserves de la terre. Les hommes s’assurent contre tout et son contraire mais la Terre, elle, qui la protège ? Ils ne savent plus s’arrêter ! Car freiner notre consommation signifie changer notre mode de vie.
Et c’est là où le bât blesse … Nous sommes arrivés à un point d’incohérence totale : nous ne vivons quasiment plus QUE pour le paraître. Même les fruits et les légumes, nous les voulons à notre image : gros et beaux. Nous ne voulons pas de ces petits fruits sauvages tous tordus et plein de piqures d’insectes. Non, nous voulons que nos aliments nous ressemblent : insipides et sans saveur, sans tâches, bien lisses, comme la viande qui n’est plus de la viande mais un «aliment sous cellophane». Nous ne mangeons pas un animal, quelle horreur, nous mangeons des protéines. Comment ces «protéines» sont arrivées dans notre assiette ? Nous ne voulons pas le savoir : trop dérangeant !
Et nous agissons de même avec … nous. Avec notre «intérieur» que nous cachons à grand renfort de vêtement à la mode, de coiffeur, de maquillage et autres impedimenta. Nous nous présentons lisses et sans tâches (enfin … nous faisons du mieux que nous pouvons :-)). Nous nous créons une «situation», nous jouons un rôle dans la société, nous nous habillons avec un certain style, nous roulons dans telle voiture, nous habitons à tel endroit, nous fréquentons untel ou unetelle et nous nous sommes -au fil des années- complètement identifiés aux personnages que nous avons créés. A tel point que nous ne savons plus vraiment qui nous sommes et ce que nous aimons !
A tel point également que nous avons oublié que tous les aliments et les produits que nous achetons sont produits quelque part avec des matériaux issus de la Terre.
Ils sont produits loin de chez nous, majoritairement en Asie, par ces chinois que nous critiquons allègrement. Oui ils nous ont pris notre travail, oui ils produisent souvent des biens de mauvaise qualité, oui ils polluent la Terre. Mais nous, que faisons-nous de mieux ? Nous fermons les yeux et achetons tous ces produits à moindre prix. Tout cela pour ne pas changer nos habitudes, pour pouvoir consommer encore et encore, pour nourrir notre goût du «paraître».
Je me pose souvent la question de la cohérence. Je m’agace souvent car je n’arrive pas à l’être tout le temps ! Comme la majorité d’entre nous, je dis, je vois, je constate mais … je continue à consommer de l’inutile. Juste par goût, pour remplir, pour parader, pour «me faire plaisir».
Pourtant je SAIS qu’il y a bien d’autres façons de se «faire plaisir» que de consommer n’importe quoi ! Je SAIS que je ne remplis pas mon être de joie, que je vais à contre-courant du nouveau monde, que j’agis par habitudes : mais que celles-ci sont difficiles à changer !
Et je reviens à mon interrogation du début : et si ce nouveau monde ne pouvait se construire que si chacun d’entre nous commençait à développer leur «être» plutôt que leur «paraître» ? Et si nous consommions moins de produits qui, par leur production, polluent la Terre, pillent la Terre, et exploitent des individus ?
Bien sûr, je ne prône pas l’abstinence : celle-ci n’est pas dans mon tempérament ! Non, simplement le retour à une «conscience» de consommation. Nous pourrions nous faire plaisir en respectant ceux qui fabriquent ces objets, eux-mêmes se respectant car ils fabriquent «écologiquement». La pollution zéro, je n’y crois pas. Il faut tous nous nourrir, nous habiller, nous transporter : nous, ces milliards d’humains qui habitent la Terre. Donc, ne soyons pas puristes, mais nous pouvons limiter les dégâts !
Et déjà, peut-être, en cultivant l’être plutôt que le paraître …
Cultiver l’être, c’est déjà être conscient de notre intériorité. De voir et de comprendre que celle-ci n’a pas les mêmes besoins que notre désir de paraître. Cultiver notre être c’est lui offrir la cohérence, la richesse d’une vie respectueuse. Ne sommes-nous pas toujours beaucoup plus «heureux» lorsque, au cours d’un voyage par exemple, nous avons pris le temps de dénicher un bel objet créé par un artisan ? Nous avons vu son atelier, nous avons senti avec quel amour il l’a créé, et cet objet restera toujours sacré à nos yeux. Bien sûr, nous l’avons payé plus cher que chez “Bazarland”, mais nous sommes fiers et heureux de l’avoir choisi. Cela s’appelle le respect …
De même, ne préférons-nous pas la nourriture que nous avons choisi avec plaisir au petit marché local ? Nous y avons rencontré le producteur, nous avons vu comme il est passionné par son travail, nous avons compris qu’il aimait ce qu’il faisait : du coup, ses produits ont un goût et une saveur exceptionnels. Quel plaisir de les partager ensuite autour d’une table ! Nous sommes fiers et heureux d’avoir choisi ces aliments. Cela aussi s’appelle le respect …
Bref, je pourrais encore et encore vous citer maints exemples mais je suis sûre que vous m’avez compris ! J’arrête donc là mon blabla et vous remercie d’avoir partagé avec moi cette prise de conscience …
Il ne nous reste plus qu’à faire le point, entre nous et nous, et nous poser la question suivante : ma façon de vivre et de consommer est-elle en accord avec mon être profond ?
heureusement je ne sens pas concerner par votre excellent article,j’ai été élevé dans les traditions
campagnarde depuis mon enfance , respect de la nature et des animaux , moi mème vivant en campagne Bretonne
bien à vous
D.Baugas
Ce texte magnifique, nous interpelle tous, quel que soit notre ancrage dans les traditions paysannes. Pour moi, qui viens d’une autre monde que le monde occidental, – je viens d’Afrique occidental et du Burkina Faso et qui crois lutter pour la défense des traditions-, je trouve intéressant, cet appel à notre vigilance. J’ai connu Pierre Rabbi, lorsqu’il a travaillé au Burkina Faso, et j’ai beaucoup apprécié son appel à notre conscience pour la préservation de l’environnement, nous qui étions préoccupés par la lutte contre le sous-développement. Je compte transférer ce texte à mes amis du pays, car il peut contribuer à une autre perceptiondu développement pour lequel nous luttons…… . ,
heureusement je ne sens pas concerner par votre excellent article,j’ai été élevé dans les traditions
campagnarde depuis mon enfance , respect de la nature et des animaux , moi mème vivant en campagne Bretonne
bien à vous
D.Baugas
Ce texte magnifique, nous interpelle tous, quel que soit notre ancrage dans les traditions paysannes. Pour moi, qui viens d’une autre monde que le monde occidental, – je viens d’Afrique occidental et du Burkina Faso et qui crois lutter pour la défense des traditions-, je trouve intéressant, cet appel à notre vigilance. J’ai connu Pierre Rabbi, lorsqu’il a travaillé au Burkina Faso, et j’ai beaucoup apprécié son appel à notre conscience pour la préservation de l’environnement, nous qui étions préoccupés par la lutte contre le sous-développement. Je compte transférer ce texte à mes amis du pays, car il peut contribuer à une autre perceptiondu développement pour lequel nous luttons…… . ,