Nous assistons tous en « live » au pourrissement de la démocratie parlementaire qui confisque le pouvoir au profit d’une oligarchie toute puissante, qui ne tient pas compte de l’avis du peuple. L’erreur consiste à croire que le vote de représentants du peuple est synonyme de démocratie. Il s’agit en fait d’une délégation de pouvoir au profit d’un tiers. Lors du vote le peuple se dépossède de son pouvoir, ce qui est tout le contraire de la démocratie. Quelles sont les solutions pour en sortir ?
Nous avons ici même, et à plusieurs reprises, plaidé pour la Démocratie Directe, c’est-à-dire la consultation directe du peuple pour la majorité des sujets qui concernent son avenir. La Suisse étant à cet égard un vrai modèle de démocratie.

Mais il existe d’autres alternatives qui méritent un instant de réflexion. L’une d’entre elle, préconisée sans relâche par le français Etienne Chouard, prévoit un tirage au sort d’un échantillon représentatif de la population d’un pays, selon la méthodes des quotas. Ces citoyens seraient ensuite amenés à délibérer ensemble et à prendre des décisions pour tous. Ce système est hérité de la démocratie Athénienne.
Le mérite de ce système est multiple : tout d’abord il permet une représentation équilibrée et harmonieuse de l’ensemble de la population. Il faut préciser qu’actuellement, en France, plus d’un tiers de la population n’est pas représentée au parlement ! Ensuite, le tirage au sort élimine les querelles politiciennes et les dogmatismes idéologiques au profit du pragmatisme. Enfin, il évite l’oligarchie, c’est-à-dire la confiscation du pouvoir par une élite. Il faut préciser que ce tirage au sort électif n’est pas exclusif de la consultation par référendums pour certains sujets.
Je vois bien le grief que l’on pourrait faire à ce procédé en arguant que le tirage au sort peut amener au pouvoir des individus médiocres, malintentionnés ou stupides. Je rétorquerais que cette éventualité est possible et même probable pour quelques individus de l’échantillon mais l’on peut penser que la grande majorité des individus choisis par le sort auraient autant de sagesse et même davantage de bon sens que nos politiciens. Comme l’écrit le Belge David Van Reybrouck, précurseur aussi et chantre de la technique démocratique du tirage au sort : « Quand les citoyens sont considérés comme des citoyens et pas seulement comme du bétail électoral, ils se comportent en adultes et non plus en troupeau ». Et il ajoute cette phrase qui me paraît fondamentale :
« DES QUE L’ON DONNE LA PAROLE AUX CITOYENS, ILS S’APAISENT » .
Aujourd’hui, dans de nombreux pays européens la soif démocratique est intacte, mais les institutions sont décrédibilisées car les citoyens se sentent méprisées par l’élite. Il convient donc de redonner la parole au peuple et abandonner la procédure élective actuelle qui n’est qu’une illusion de démocratie.
Cette nouvelle façon de revigorer la démocratie est à rapprocher de l’idée de Ségolène Royale qui proposait d’instituer des jurys populaires chargés de surveiller les responsables politiques. Cette proposition, pourtant timide, a réussi à rassembler l’opposition de l’ensemble du personnel politique de droite et de gauche ! Pourtant, un sondage a montré qu’elle était accueillie favorablement par 59% des français. Ceci prouve, une nouvelle fois, que rien ne bougera jamais sans que les citoyens prennent eux-mêmes les choses en main. Comme l’écrit le sociologue David Guéranger, « il est peu probable que les élus rendent d’eux-mêmes ce qu’ils ont confisqué. »
La première étape devrait consister à écrire une constitution car « notre prison porte un nom: elle s’appelle constitution, c’est à travers elle que, dès le départ, notre impuissance est programmée » proclame Etienne Chouard qui ajoute : « C’est parce que nous avons intériorisé notre situation inférieure d’électeur que nous sommes impuissants ». Il reviendrait à un jury populaire, tiré au sort, de rédiger une constitution en étant aidé ou encadré par des juristes spécialisés en droit constitutionnel afin que les nouveaux textes soient conformes à certains grands principes et au droit international.
Ah ! Que voilà une belle et ambitieuse tâche !