739 – LES NOUVELLES VALEURS

Toute société humaine repose sur un certain nombre de valeurs fondamentales qui évoluent avec les époques et les lieux. Quelles sont les nouvelles valeurs de l’Occident ?

Nous venons d’un monde qui était nourri pas quatre valeurs qui constituaient le socle commun, implicitement admis par chacun. Au niveau individuel, le travailétait un pilier qui fixait l’identité. Le clan était constitué de la famille,au sens large, représentée souvent par une vaste tribu partageant des références et des codes spécifiques. La terre des aïeux, et au sens large la patrie, étant l’ensemble qui rassemblait autour d’une langue et d’une culture commune. Enfin, la religion chrétienneétait la valeur suprême qui couronnait l’ensemble et en était le ciment.

Le caractère sacré de ces valeurs allait crescendo quand on passait de l’une à l’autre et l’on était prêt à se battre et même à mourir pour les défendre.

En ce début de troisième millénaire nous constatons que ces valeurs ne sont plus sacrées, c’est-à-dire que ce ne sont plus nos valeurs et que nous ne sommes plus prêts à nous battre pour les défendre.

La question se pose de savoir quelles sont les nouvelles valeurs qui animent les jeunes générations ? Les anciennes valeurs sont devenues des oripeaux encombrants et démodés. Quels sont les nouveaux habits qui symbolisent les temps nouveaux ?

L’épanouissement personnel

Le travail n’est plus la valeur de base sur laquelle l’individu se construisait. C’est seulement un gagne-pain nécessaire, mais ce n’est plus une valeur grâce à laquelle on s’épanouit et on se réalise. La fierté dans le travail qui permettait de marcher la tête haute, tend à disparaitre.

La réalisation de soi passe davantage maintenant par des préoccupations plus personnelles dans lesquelles chacun cherche à s’épanouir. Le sport, les loisirs, les hobbies, le bien-être du corps, le sexe et le développement personnel sont devenus des buts de vie et des moyens de s’accomplir.

On peut résumer cette transformation en disant que désormais les préoccupations des jeunes générations sont plus hédonistes ce qui est peut-être positif, mais le revers de la médaille étant le risque du culte de l’ego.

Les nouvelles tribus

La famille est réduite au noyau de base des parents et des enfants, et elle a perdu son aspect protecteur étant donné l’obsolescence des couples. De son côté, la famille élargie s’est évanouie sous l’effet de l’éclatement géographique.au profit de rassemblements autour de thèmes communs.

On se rassemble toujours, on se réunit, mais  autour de thèmes communs, entre membres d’une même association, d’un collectif militant ou d’un groupe sportif. Les liens ne sont plus ceux du sang mais ceux de centres d’intérêt commun.

Les nouvelles familles se constituent au gré de nos hobbies éphémères et ont perdu le caractère sécurisant des familles traditionnelles.

L’écologie

Les préoccupations autour du local, de l’écologie et du développement durable sont des thèmes portés par les nouvelles générations, non pas de façon idéologique à la manière des partis politiques, mais de façon pragmatique, au niveau du terrain.

Le militantisme n’est plus syndical pour défendre son travail, mais il est davantage écologique avec cette prise de conscience, lente mais profonde, qu’il y a péril en la demeure.

Un professeur, dans une prestigieuse école de management de Lausanne, a demandé à ses élèves quels sont ceux qui rêvent de rentrer dans une grande entreprise multinationale qui paye bien. Ils sont aujourd’hui moins de 25% à partager ce désir, ils étaient la grande majorité il y a une génération !

Les jeunes diplômés rêvent de start-up qui respectent leurs valeurs et qui œuvrent au bien commun, si possible dans le domaine de l’écologie et du développement durable. Les grandes entreprises ont perdu leur prestige… « Small is beautiful ».

Les jeunes cadres dynamiques ne rêvent plus de conquérir le monde, ils veulent seulement le rendre meilleur !

La mondialisation commence à faire peur, et rencontre moins de supporters, y compris parmi les hyper-diplômés qui étaient jadis les grands aficionados de la globalisation. L’immigration incontrôlée accentue cette peur de perdre ce qui reste des valeurs culturelles fondamentales. D’où un retour vers le régionalisme, le protectionnisme et même un certain nationalisme.

Une spiritualité athée

La nouvelle spiritualité est davantage un repli sur soi hédoniste qu’une « reliance » au sein d’une grande communauté de croyants. Il n’y a donc plus de religion au sens étymologique du terme, c’est-à-dire qui relient. On pratique la méditation transcendantale, mais en solo !

Plus que jamais, les jeunes générations ont du mal à imaginer quelque chose de plus grand qu’eux, au-dessus de l’humain. La Spiritualité athée est donc rétrécie et se résume dans le culte de nos valeurs personnelles, l’écologie ou la beauté de la nature par exemple, sans transcendance.

Ces nouvelles valeurs sont plus fluides, moins pesantes, plus égoïstes, mais peut-être plus aptes à rendre heureux au jour le jour ? On peut supposer cependant qu’aucune de ces valeurs n’a de caractère sacré au point de se battre pour les défendre. Ces nouvelles valeurs sont utiles, mais elles manquent sans doute de solidité et elles sont peu sécurisantes. Il reste donc à découvrir une transcendance qui donnerait des raisons supérieures de vivre…

Ceux qui sont intéressés par ce thème pourront lire la chronique 544 intitulée: “Quand on veut détruire un peuple, on détruit sa culture”

 

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2 commentaires

  1. Ce sont des constats évidents, et bien entendu, j’ai bien compris que vous parlez de l’occident. Mais il faut aussi tenir compte du fait que l’occident n’est pas le monde et du fait aussi que la politique et l’économie sont mondialistes. Dans cet état de fait, bien d’autres cultures sont encore rattachées au nationalisme, à la religion, à l’ethnie et ses traditions séculaires. C’est ce qui explique l’instabilité des relations mondiales.

    1. Vous avez tout à fait raison, d’autant que le poids relatif de l’Occident pèse de moins en moins lourd dans le monde.

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