778 – SOMMES-NOUS VICTIMES OU RESPONSABLES?

Ce qui nous arrive dans la vie est-il dû à la chance ou à la malchance ? Quelle est notre part de responsabilité ? Sommes-nous les auteurs de notre vie ou les jouets du destin ?

Bien sûr, nous ne choisissons ni nos parents, ni notre pays, ni même l’époque à laquelle nous vivons. Nous sommes le fruit d’une histoire familiale, d’une culture et des préjugés de notre époque. Nous recevons donc, à notre naissance, un lourd héritage que nous porterons toute notre vie. Ce n’est pas la même chose d’être né dans une famille de paysans du Bengladesh ou dans une famille bourgeoise européenne !

Ceci étant dit, nous avons sans doute une vaste zone de liberté à l’intérieur de cet espace dont nous héritons et qui constitue nos contraintes de départ. On constate qu’avec les mêmes atouts, et les mêmes lacunes de départ, certains parviennent mieux que d’autres à une vie épanouie.

J’aime bien retenir cette formule : « Si tu cherches quelqu’un qui va changer ta vie, regarde-toi dans le miroir ».

Les vies gâchées

Nous connaissons tous, autour de nous, des personnes qui ont des vies à ce point difficiles que l’on peut supposer qu’ils ne sont pas heureux. Nous savons que la vie est fragile et difficile et que la moindre inattention peut nous conduire dans le fossé.

Nous pouvons vivre une vie de couple exécrable, nous pouvons exercer une activité frustrante qui ne nous convient pas, nous pouvons avoir des tendances dépressives qui nous entrainent vers l’alcool ou la drogue, nous pouvons avoir une mauvaise hygiène de vie qui va nous rendre malade…

Il existe de multiples voies pour gâcher notre vie et la liste ci-dessus est loin d’être exhaustive. Mais, face à ces difficultés, notre tendance sera d’accuser soit les autres, soit le destin. Nous cherchons très vite un coupable : c’est la faute de mes parents, c’est la faute de mes professeurs ou de mon patron, c’est la faute de mon conjoint, c’est la faute de la société, ou bien, c’est la faute à pas-de-chance !

Nous refusons souvent l’idée que nous soyons responsables de nos malheurs. Il nous est plus facile de dire : « je suis né sous une mauvaise étoile » que de reconnaitre que nous avons pris une mauvaise décision, fait un mauvais choix, manqué une opportunité ou mal réagi face à un évènement…

L’intelligence du bon sens

J’ai toujours pensé que le bon sens est, dans la vie, ce qui nous est le plus utile pour se diriger, bien plus que n’importe quelle performance intellectuelle. C’est le bon sens qui nous évite les mauvaises décisions que nous serions prêts à prendre sous l’effet trompeur d’une émotion trop vive ou d’un élan irréfléchi.

Dans son célèbre « Discours de la méthode », Descartes affirme ceci : « le bon sens est la chose la mieux partagée car chacun pense en être si bien pourvu, que même ceux qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont ». Il veut dire que nous sommes généralement assez satisfaits de nous-mêmes et nous considérons avoir assez de bon sens pour bien juger.

Je crois au contraire que nous manquons souvent de bon sens et que nous sommes capables d’agir contre nos propres intérêts, par faiblesse, par mauvaise appréciation, par illusion ou même par masochisme. Il ne faut jamais oublier que nous avons en nous, de façon inconsciente, une certaine dose d’autodestruction ! Quand elle est à l’œuvre, cela peut être dévastateur…

Connais-toi toi-même

Il est toujours plus facile de comprendre les mécanismes psychologiques humains en contemplant la vie des autres ! Notre psychologie des profondeurs nous est, par définition, cachée, c’est-à-dire inconsciente, et sa mise au jour toujours laborieuse. Mais on lit dans la vie des autres, à livre ouvert, si je puis dire ! Tout ce qui est opaque en ce qui nous concerne est lumineux pour ce qui concerne les autres…

Examinez de près ces vies dites « difficiles », remontez le fil de ces vies et vous remarquerez les quelques décisions malencontreuses qui ont conduit à la catastrophe ou, pour le moins, aux désillusions. Le malheur a souvent des causes qui ne sont pas dues au hasard.

Il suffit de quelques mauvaises décisions pour embarquer une vie sur une voie sans issue. Cela commence dès la jeunesse, par le choix des amis et le choix de la facilité ou de l’effort. De nombreux choix sont de notre responsabilité, le choix du travail ou du conjoint, le choix des relations, de nos lectures, de nos divertissements, le choix de boire ou de fumer, de bien ou mal manger… Nous avons surtout le choix de nos pensées et de nos actes.

En attendant Godot

Il existe aussi des choix plus subtils, mais qui sont sans doute les plus importants. Je veux parler du choix d’aimer et du choix d’être heureux. Nous avons trop souvent tendance à penser que l’amour ou le bonheur tombent du ciel, tout cuits. C’est peut-être l’enseignement le plus important pour aborder la vie que de comprendre que l’amour et le bonheur se construisent. Nous en sommes responsables et ils dépendent de notre attitude.

Si nous attendons le bonheur ou l’amour comme nous attendons le train, ils passeront sans s’arrêter. Aimer ou être heureux, cela se décide, chaque jour, chaque minute. C’est une façon de vivre, une façon de voir le monde, le choix de voir le positif sans nier les zones d’ombres. Nous nous levons le matin par choix, et c’est par choix que nous décidons d’être heureux.

Je suis inquiet, lorsque j’observe une certaine jeunesse désorientée qui n’a plus de valeurs nobles auxquelles se raccrocher et qui vit au jour le jour, dans la totale permissivité. On ne croit à rien et on veut vivre sans contrainte et sans responsabilité, dans un espace nébuleux qu’ils dénomment le « polyamour ». En résumé, on picole et on baise, en toute liberté. Je doute que cela soit une perspective suffisante pour être épanoui!…

Dans une précédente chronique, j’ai déjà abordé ce thème que je considère comme central en affirmant qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité (chronique 765 « Sommes-nous irresponsables ? ».

Être libre et responsable, cela signifie prendre conscience que nous construisons notre vie, avec les cartes que nous avons en main. Bien souvent, nous choisissons d’être heureux ou malheureux, d’avoir une vie épanouie ou étriquée, même si pour certains c’est plus difficile que pour d’autres. Bourgeois nanti ou paysan du Bengladesh, nous choisissons notre vie… Ce sont d’abord à mes petits-enfants que je m’adresse et, de ce fait, à tous les enfants du monde.

N’hésitez pas à faire suivre cette chronique autour de vous et à faire un commentaire…

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7 commentaires

  1. Bonjour Monsieur Ponroy,
    Responsables et victimes, tout à la fois !
    Dommage que, dans beaucoup de circonstances, notamment dans le cas de cette ribambelle de vaccins obligatoires, nous devions agir sous la menace : nous perdons tout libre-arbitre …et les conséquences peuvent être dramatiques …
    Fidèle chaque semaine !

  2. Je viens de lire “sept vies en une” de Christian de Duve, un ami très cher de ma belle-famille, prix Nobel de médecine en 1974 qui m’a ouvert la vision d’un scientifique face au sens de la vie. Pour ma part vivant dans la médecine quantique où tout est relié, j’ai toujours le choix de dire non…

  3. Cher Yves , je souhaiterais vous dire ceci , nous avons tous entendu autour de nous lors d’un décès la phrase suivante :”c’est que son heure était là “. En effet , pour nombre de gens l’heure de la mort semble écrite quelque part dans un grand livre. Dans ce cas précis , si l’on considère l’heure de la mort comme déjà prévue , je ne vois pas pourquoi toute notre vie ne serait pas écrite dans un grand livre qui contient 365 pages pour chaque année de notre vie. Un livre explique très bien cela , il s’ appelle :”Lol2A de René et Françoise egli “. En fait nous n’avons aucun choix , ce que nous devons faire dans notre vie nous le ferons . Nous ne pouvons pas échapper à notre destinée . Einstein devait être Einstein . Mozart devait être Mozart , Hitler devait être Hitler , gandhi devait être gandhi etc etc…et vous vous devez être Yves ponroy et écrire cette chronique . Pourquoi est ce comme cela , mystère et boule de gomme , c’est un secret de l’univers . Le fait de croire que nous avons le choix n’est qu’un jeu de notre égo , notre petit moi qui fera tout pour exister. Plus les gens ont de gros égo et plus ils veulent résoudre de gros problèmes. Il suffit de voir les hommes politiques ou les chefs d’entreprise. Bien sur , accepter cela est très dur pour notre amour propre et peu de gens peuvent le faire. C’est l’univers qui décide de tout et pas l’être humain qui n’est après tout qu’une creature de l’univers.

      1. Merci pour cette très belle vidéo qui traite de l’Appel du destin que l’on perçoit par des signes ou qui s’impose comme une évidence. Mais nous sommes libres de répondre à cet Appel ou de rester sourd.

    1. Je ne suis pas aussi déterministe que vous Roger. Je crois que nous avons un espace de liberté. Nous ne choisissons pas les évènements extérieurs, mais nous choisissons comment y répondre ou y faire face.

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