« Cela vous gratouille, où çà vous chatouille ?». Chacun se plaint de quelque chose ou de quelqu’un. On accuse le monde entier de nos malheurs et nous, que faisons-nous ?
Vous connaissez la rengaine : les politiques sont corrompus, les pharmas nous empoisonnent, les GAFA nous espionnent, les multinationales détruisent la planète, les financiers nous sucent le sang, les scientifiques sont manipulés et les journalistes nous manipulent.
Que faisons-nous ?
Hormis se plaindre, gémir et accuser le monde entier de nos malheurs, que faisons-nous pour sortir de cet enfer sur terre ?
Face à tous ces malheurs qui nous angoissent, notre première réaction consiste à consulter le médecin, à faire des analyses et des check-up, à nous tâter, à nous palper et à faire la liste de nos maladies réelles ou imaginaires. Si l’on n’est pas malade, on a peur de l’être et, au mieux, nous sommes un malade qui s’ignore !
Si le médecin ne trouve rien, c’est qu’il est incompétent et on court en voir un autre. S’il nous prescrit un médicament, les effets secondaires qui ne manqueront pas de survenir feront de nouvelles bonnes raisons de se plaindre et de consulter.
Nous promenons ainsi notre angoisse existentielle d’un service à l’autre, du gastro-entérologue au cardiologue. On se fait une petite déprime en passant, pour se convaincre que l’on n’a pas de chance. On peut même oser faire un burn-out, c’est à la mode ! Certains tentent même le suicide, mais c’est plus risqué…
On s’étonne, malgré tout, que la Sécurité Sociale soit en faillite… Qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans nos têtes ? Il parait qu’un tiers de nos compatriotes sont atteints de troubles psychiques, je veux bien le croire quand j’observe certains comportements autour de moi !
Revendiquer
Si nous n’aimons pas trop gémir et nous plaindre, nous choisissons l’option revendication. C’est aussi un domaine dans lequel nous sommes excellents. Il y a toujours quelque part une insatisfaction à exprimer…
Les féministes sont expertes en victimisation. L’équation est simple et facile à comprendre, tout échec, toutes frustrations et insatisfactions, professionnelles ou personnelles, sont à mettre sur le compte des hommes. Ce sont eux qui mettent systématiquement des bâtons dans les roues pour entraver l’épanouissement des femmes. Cela a le mérite d’être clair !
Les désormais célèbres Gilets Jaunes ont compris la leçon. Pour se faire entendre des media et de la société, aujourd’hui, il faut être victime et le faire savoir par tous les moyens, y compris les plus violents. Toute victime a son bourreau ou ses bourreaux désignés. On y met, pêle-mêle, les riches, le capitalisme et bien sûr le gouvernement, bouc émissaire de service, même si les plaintes, souvent justifiées, ont des causes anciennes.
A tout prendre, il vaut mieux défiler dans les rues et gueuler des slogans que de déprimer et prendre des médicaments qui nous abrutissent et font de nous des moutons dociles et heureux de l’être ! Les gilets jaunes, eux, ne font pas de burn-out, ils se révoltent, c’est meilleur pour le moral !
Défiler et faire grève, cela faisait partie du savoir-faire inimitable des fonctionnaires, mais ils se sont fait voler la vedette par les féministes et les gilets jaunes, ils ne font plus recette. Dans la liste des victimes, ils ont rétrogradé à un rang subalterne.
No future !
Dans cette ambiance de fin du monde, c’est la société toute entière qui broie du noir. Nous avons peur de tout, comme des petits vieux recroquevillés. Nous avons peur du changement, peur de la modernité, peur des robots. On se mobilise pour que rien ne change.
On se plaint bien sûr du changement climatique, mais on ne veut rien changer à nos habitudes. Ce sont les autres qui doivent changer, pas nous ! On attend tranquillement l’apocalypse, en gémissant sur le pas de notre porte.
De loin, on regarde la planète se gaver de produits chimiques dangereux, on fulmine contre Monsanto-Bayer, mais on trouve que les légumes bios, c’est trop cher pour nous ! On vilipende les entreprises qui ferment leurs portes et on accuse le gouvernement de laisser-faire, mais on achète Chinois sans vergogne.
On veut verrouiller les frontières et tarir l’immigration, mais dans le même temps on ne fait plus assez d’enfants pour assurer le renouvellement de la population et l’on se dirige tranquillement vers une société de vieillards.
Des pris en charge
Cette peur du futur s’exprime dans ce besoin permanent que nous avons tous d’être choyés, dorlotés, protégés, assistés et assurés tout risque. Nous voulons être « pris en charge », comme le dit si bien la sécurité Sociale. Nous le honnissons, mais nous attendons tout du gouvernement, au point d’oublier de se prendre en main.
Nous voulons des subventions, nous exigeons des allocations, nous revendiquons des prestations. L’Etat est devenu la « Nounou Universelle » qui doit répondre à nos moindres désirs. L’Etat est à notre service, et la meilleure preuve, c’est que c’est nous, en tant que citoyens, qui élisons ses membres !
Nous sommes comme des adolescents ingrats, capricieux et jamais satisfaits. Nous ne supportons même plus une petite vague de chaleur passagère. Nous avons besoin des conseils avisés du gouvernement pour nous inciter à boire plus que d’habitude. Si des citoyens sont déshydratés, on le sait déjà, le coupable sera le ministère de la santé… On veut protéger nos enfants des étés trop chauds, des hivers trop froids et des automnes trop ventés !
Et pourtant, aucune époque n’a été autant préservée et choyée que la nôtre, mais les citoyens n’ont jamais été si mal. Ont-ils oublié qu’ils sont les premiers responsables de leur vie ? (Relire ma précédente chronique « Victimes ou responsables ».)
Jamais satisfaits, nous en voulons toujours plus. L’Etat paiera ! Je suspecte que l’hypochondriaque militant a des désirs d’autant plus ambitieux qu’il échappe à l’impôt. Il connait ses droits, mais il oublie souvent ses devoirs et ses responsabilités. A l’hypochondriaque je conseille de considérer, de plus près, le verre à moitié plein. Gardons nos pleurs pour les vrais aléas de la vie… il y en a!
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