En dehors des humains, aucune espèce animale ne s’autodétruit, sauf dans certains cas en captivité, dans des conditions très hostiles. Par quel étrange phénomène les humains sont capables de s’autodétruire individuellement et collectivement ?
J’ai souvent remarqué qu’un phénomène qui survient est à la fois symptôme et symbole, et il touche en même temps l’individu et la société. « Tout est mêlé dans tout » affirmait déjà Anaxagore, le philosophe qui a précédé Socrate. Autrement dit « chaque chose est en rapport avec toutes les autres choses ».
Hélas, nous avons tous connu autour de nous des individus qui s’autodétruisaient. Il y a bien sûr mille façons de se détruire soi-même, on pense d’abord à l’alcool qui a fait tant de ravages dans la société occidentale, mais nous voyons aussi parfois, dans nos familles ou parmi nos amis, des décisions particulièrement funestes qui sont prises et qui ne peuvent conduire qu’à la catastrophe.
L’Histoire ancienne ou contemporaine nous permet d’observer des sociétés qui semblent s’autodétruire sciemment, en toute conscience, comme si elles étaient fascinées par le vide ou plus simplement sans ressort, lasses de vivre, arrivées au bout d’un processus, à l’image de toute vie qui est appelée à disparaitre.
La question qui nous vient tout de suite à l’esprit est de savoir ce qu’il en est de notre société occidentale multimillénaire, de notre pays multiséculaire, de notre famille multigénérationnelle et de nous-même. Ce questionnement n’est pas anodin à une époque d’incertitude, qui doute d’elle-même et de son destin, ce n’est un secret pour personne…
L’individu contemporain
Il semble qu’une partie de la jeunesse occidentale contemporaine soit prise de vertige, et de multiples indices indiquent qu’elle est souvent désabusée, cynique, sans projet mobilisateur. Je dirais qu’il règne une ambiance dépressive qui se mesure tout simplement par l’augmentation considérable de la consommation des médicaments psychotropes.
La consommation abusive d’alcool et de drogues, devenue un acte social et convivial, apparait comme un symptôme majeur d’une population dépressive. Nul n’ignore les dégâts énormes sur la santé physique et mentale que ces substances provoquent. Il s’agit donc bien d’un processus d’autodestruction, même s’il est inconscient et entré dans la normalité. L’abus de médicaments chimiques, dont les effets délétères sont bien documentés, procède du même mépris de notre corps.
On constate, plus globalement, un laisser-aller généralisé qui se manifeste de multiples façons, dans l’habillement qui se délabre, dans la façon de manger qui génère un surpoids chronique, dans la musique récréative déstructurée et déstructurante, dans la violence physique et verbale qui se banalise, dans la difficulté de s’intégrer dans la société et d’en suivre les règles … La violence qui sévit sur nos écrans génère la violence dans la rue : tout est dans tout !
Le meilleur signe de cette déconstruction tous azimut réside dans la perte de l’identité. Combien de jeunes aujourd’hui sont incapables de définir leur identité ? Ils sont souvent de partout et de nulle-part, beaucoup n’ont pas d’identité culturelle forte qui constitue la base de la définition de soi. Ils sont dans un entre-deux incertain et mouvant, incapables de se déterminer sexuellement et immergés dans une société qui elle-même perd ses repères. Je viens d’apprendre que dans la dernière version de bandes dessinées, Superman est devenu homosexuel… On n’arrête pas le progrès, même s’il est affligeant !
Le summum de l’autodestruction, son point culminant, qui frise la folie, réside dans l’idéologie nouvelle du transgenre qui consiste à déconstruire l’identité sexuelle, c’est-à-dire ce qui nous caractérise de façon génétique, depuis le jour de notre conception. Le sexe est la première chose qui nous caractérise à la naissance, renforcée ensuite par des us et coutumes culturelles évolutives.
Une nouvelle idéologie portée par les mouvements woke et LGBT se liguent pour détruire la famille, relent de la société patriarcale qu’ils entendent supprimer. Ainsi, le citoyen occidental du XXIème siècle semble être fatigué d’exister, comme s’il avait trop vécu. Il vit dans un camp retranché, sans énergie de vie, entouré de biens matériels et de jouissances fugitives. Il lui manque un supplément d’âme pour lui redonner vie et envisager un avenir.
Cette tendance est sans doute minoritaire et il existe encore des citoyens qui tiennent debout pour affronter l’avenir et le regarder en face. Mais combien sommes-nous de résistants, de dissidents, pour lutter avec détermination contre une autodestruction envahissante qui nous ronge ?
Où va l’Occident ?
De la même façon, la société dans laquelle nous sommes immergés doute d’elle-même et de son avenir. Elle semble envahie par un sentiment d’épuisement, de fatigue immense. Elle manque de projets et non seulement elle a renoncé à puiser des forces dans son passé prestigieux, mais elle le renie, elle coupe ses racines, comme un enfant qui renierait ses parents et ses origines.
A cet égard le mouvement intitulé « cancel culture » qui se propose d’éradiquer tout ce qui nous rattache à notre histoire, et qui convoque devant un tribunal idéologique tous les acteurs du passé qui ne seraient pas conformes aux nouveaux dogmes. Les statues de Christophe Colomb, l’affreux symbole de la domination de la culture occidentale, doivent être abattues !
C’est le grand nettoyage de l’Histoire afin d’éradiquer tout ce qui a fait ses grandeurs et aussi ses périodes moins glorieuses. La nouvelle idéologie mortifère rêve d’un être humain parfait, transparent, sans péché et sans tache, mais aussi sans enthousiasme et sans illusion, c’est-à-dire sans motivation et sans désir de vivre.
Nos sociétés occidentales ont toujours puisé leurs forces dans la formidable épopée des peuples européens qui, par leur génie, ont apporté au monde ce qu’il a de plus beau et de plus performant. La culture européenne a rayonné sur le monde durant trois millénaires et s’est élevée progressivement dans tous les aspects des arts et de la technique. Selon la nouvelle idéologie, il ne faudrait retenir que ses faiblesses et ses manquements et condamner l’Occident jusqu’à en éradiquer les fondements.
Dans ce projet, l’immigration de masse est appelée à noyer la culture occidentale dans un « melting pot » indifférencié, jusqu’à l’ensevelir sous les assauts des nouveaux arrivants afin de métisser l’homme blanc, culturellement et génétiquement, afin de l’améliorer. Notre culture étant le matériau de base de notre identité, renier notre culture revient à perdre notre identité. L’acceptation de cet envahissement culturel correspond exactement à la définition de la déconstruction identitaire : il s’agit bien d’une autodestruction.
Que dire encore de la violence qui sévit dans certains quartiers, à la périphérie des villes construites dans une laideur architecturale qui est elle-même un symbole ? La police y tombe dans des guet-apens meurtriers et même les pompiers y sont agressés, sans que les pouvoirs publics ne bougent le petit doigt ! Vous avez dit « autodestruction » ?
Je pourrais aussi parler de la part active que nous prenons tous à la destruction de notre environnement : pollution chimique intense et permanente qui génère nos cancers et qui réduit drastiquement la fertilité de toutes les espèces, y compris la nôtre ; dérèglement climatique qui poussent des populations à l’exode et à la famine ; course permanente à l’armement qui semble avoir déjà oubliée les immenses dégâts humains et matériels que les guerres peuvent générer. Qui peut dire que nous ne sommes pas conscients de toutes ces destructions à l’œuvre ?
Il faudrait aussi parler du déficit démographique de l’Occident, ce qui est sans doute le symptôme et le symbole les plus graves et les plus évidents de notre autodestruction programmée. Ce ne sont pas les mouvements LGBT et transgenre à la mode ou la cancel culture qui vont relever le défi ! Il s’agit de l’expression la plus manifeste de la perte de notre envie de vivre. Certaines espèces animales en captivité ou dans des conditions environnementales trop hostiles, arrêtent de se reproduire. Quel est le ressort cassé ? Où se situe notre blessure profonde qui nous inhibe ?
Pourquoi ?
Qu’est-ce qui ne fonctionne plus ? Quel est le chainon manquant qui a interrompu notre envie de vivre et de perpétuer notre culture ? Quelle partie de nous-même est atrophiée au point que renions à la fois notre passé et notre futur ?
Nous sommes globalement constitués d’un corps physique bien réel, d’un psychisme plus virtuel et moins facilement saisissable et enfin de ce qu’il est convenu d’appeler l’âme. Ces trois parties fonctionnent en interdépendance au point que rien de ce qui arrive à l’une de ces composantes n’est indifférent au niveau des deux autres.
Dans ce monde moderne le corps est malade, car il est soumis à toutes sortes d’agressions chimiques, sonores et électromagnétiques qui le fragilisent. La violence de nos rapports sociaux et les carences affectives créent un climat d’insécurité qui fragilisent davantage notre physiologie et altèrent notre équilibre psychique. Nous sommes donc globalement malades et l’augmentation vertigineuse des dépenses de santé atteste du fait que nous vivons dans une société de grabataires.
Ce qui « anime » le duo corps-esprit est dénommé l’âme. Faut-il rappeler que « anima » en latin signifie âme ? L’âme serait cette partie, cette dimension, la plus subtile de notre être et qui nous permet de nous élever au-dessus des vicissitudes du corps et du psychisme. Elle serait notre raison de vivre, de nous « animer », c’est-à-dire de nous envisager dans une perspective historique avec un passé et un avenir. Si nous renions notre passé, nous faisons obstacle à notre avenir.
L’âme serait l’étincelle qui nous donne envie de se mettre en marche, de faire des projets, de rêver d’un avenir meilleur ; elle serait la lumière qui éclaire nos vies et qui illumine notre avenir. Sans cette âme immatérielle, il ne nous reste qu’un corps inerte et un esprit désabusé car sans perspective autre que matérielle.
Il se peut que le mal-être de nos sociétés occidentales contemporaines soit une maladie de l’âme. Nous sommes amputés de notre partie spirituelle que, trop souvent, nous confondons avec la religion. Cette partie spirituelle, que l’on peut faire vivre de diverses façons, est la partie la plus spécifiquement humaine. Est-ce l’âme qui fait la différence entre les animaux et les humains ?
Il est de bon ton, aujourd’hui, de renier notre aspect spirituel. Il nous reste un corps que nous maltraitons et un psychisme malmené par notre perte d’identité. Quelle est la conséquence ? Une humanité malade, estropiée, amputée de sa partie la plus essentielle car elle anime les deux autres.
Commençons donc pas soigner notre âme et le reste suivra par surcroit. Pour cela acceptons que nous fassions partie d’un grand Tout, que nous appartenions à une lignée, à celle du vivant, à celle de notre espèce, à celle de notre famille. Nous ne sommes pas que matière, nous sommes immergés dans un réseau de symboles et de repères subjectifs qui constituent notre culture. Chérissons notre lignée comme nous chérissons notre culture qui l’une et l’autre nourrissent l’âme et nous aident à redonner un sens à notre vie.
Tel est le rôle de l’âme : nous faire aimer la vie car elle nous aide à lui donner un sens, à y trouver notre rôle en fonction de nos talents et de là où l’on est. Nous nous reconstruisons en permanence, selon nos expériences et les buts que nous poursuivons, c’est le contraire de l’autodestruction.
On ne nourrit pas son âme avec la violence, ni en barrant les routes, ni dans le combat politique, ni dans l’exclusion, ni dans la haine qui s’empare des réseaux sociaux. L’âme se nourrit de convictions, de paroles et d’actions qui nous élèvent et qui élèvent les autres. Le corps, l’esprit et l’âme ont besoin d’être nourris avec de la qualité et de la beauté. Tout ce qui est frelaté, artificiel, laid, cynique, mensonger et défaitiste est autodestructeur, c’est une pollution du corps, de l’esprit et de l’âme. Mens sana in corpore sano.
Il souffle sur l’Occident comme un vent de folie ! Ne nous laissons pas contaminer par les idéologies mortifères et autodestructrices des woke, de la cancel culture ou des activistes LGBT+. Ils sont le symptôme d’une époque défaitiste, mais ils ne représentent pas l’avenir, car la société qu’ils proposent est sans avenir…