968 – DISTINGUER UN SIGNAL DANS LE BRUIT

C’est un point crucial dans tout domaine de la communication : comment se faire entendre et comprendre au milieu du brouhaha ? Parmi la somme des informations que nous recevons en permanence, qu’est-ce qui est significatif et quel est le bruit de fond ?

Dans les premiers émetteurs-récepteurs radio, le bruit de fond dominait et il y avait un grésillement permanent. Il était nécessaire de se concentrer pour percevoir une voix, une musique ou un message.

Je me souviens que, pendant la guerre, mon grand-père essayait de capter une radio libre, souvent radio Sottens, qui émettait en ondes courtes depuis la Suisse, mais en France elle était brouillée par les services d’information allemands. Il fallait écouter religieusement, en silence, pour parvenir à capter une voix et finalement la comprendre de façon aléatoire. Il arrivait souvent que le bruit de fond mange le signal !

Aujourd’hui, dans les discothèques, les voix ne sont plus brouillées par la censure, mais à la fois par l’excès simultané des décibels de la musique et des voix qui cherchent désespérément de se faire entendre.

Mais souvent, le bruit de fond n’est plus sonore, il est constitué par la masse compacte des informations disparates, sans signification particulière et souvent dénuées d’intérêt. Une information banale est semblable à l’arbre qui cache la forêt et empêche d’avoir une vision globale.

Cela me fait penser à ces personnes bavardes qui vous ensevelissent sous un amas de paroles confuses, passent d’un sujet à l’autre dans un discours décousu, vous inondent de détails sans intérêts, sans que l’on discerne le moindre message. Tout n’est que bruit de fond.

Les diners en ville

Je ne suis pas friand des diners en ville ou des ronds de jambes dans les pinces-fesses de 5 à 7 ! L’on y parle de tout et de rien mais, surtout, on dit du mal de nos amis qui sont absents ce jour-là. On y commente aussi l’actualité sans rien apporter de neuf, si ce n’est un avis personnel sans aucun impact sur l’évènement. Bref, on y échange des banalités qui ne froissent ni n’engagent personne, éventuellement on y parle du temps qu’il fait ou qu’il va faire. Vous l’avez compris, les diners en ville constituent, à mes yeux, la parfaite illustration de ce qu’est un bruit de fond !

Je ne voudrais pas vous décevoir, mais je crains que l’essentiel des informations que nous lisons dans les journaux, fussent-ils numériques, ou que nous écoutons à la radio ou à la télévision sont constituées en grande partie de bruit de fond. En quelle que sorte, ce sont l’équivalent des diners en ville mais dans lesquels nous n’avons pas la parole… On espère toujours y trouver un signal qui fasse sens, comme trouver un trèfle à quatre feuilles dans un champ d’orties…

Savoir qu’il faut chaud ou froid aujourd’hui ne me donne aucune indication sur le réchauffement climatique. Une évolution de la température sur dix ans fait encore partie du bruit de fond, mais une modification sur une échelle de cent ans, c’est un signal.

Si j’apprends par la radio qu’une fusillade aux Etats-Unis a fait dix victimes, cela ne me renseigne pas sur le taux de criminalité. Il est beaucoup plus pertinent d’apprendre que l’on enregistre une tuerie de masse par jour dans l’ensemble du territoire pour un total de 45.000 morts par an !

De même, lorsque l’on parle d’immigration en France, il convient de distinguer le signal du bruit de fond et les statistiques semblent converger pour que le bruit de fond domine ! D’une part, il est interdit de faire des statistiques sur l’origine ethnique des immigrants et, d’autre part, les statistiques officielles sont muettes sur l’immigration clandestine. Il faut donc parler au conditionnel !

Il y aurait officiellement 8,7 millions d’immigrants en France, soit 13% de la population. Mais le président Macron a récemment déclaré : « J’ai plus de 10 millions de nos concitoyens qui ont des familles de l’autre côté de la Méditerranée ». Ce chiffre, s’il est exact, est intéressant car il évalue le nombre de résidents, français et étrangers, d’origine africaine.

Par ailleurs, on apprend officieusement qu’il y aurait plus de 900.000 clandestins en France, ce chiffre augmentant de 7% par an, c’est-à-dire beaucoup plus vite que la population officielle, nombre d’entre eux étant attirés par l’assistance médicale gratuite. A ce chiffre il faut ajouter 120.000 demandes d’asile par an qui, si elles ne sont pas accordées, ne déclenchent généralement pas d’expulsion.

Je pourrais encore vous asséner quelques chiffres : 100.000 acquièrent la nationalité française et 270.000 reçoivent un Titre de Séjour, mais vous avez déjà constaté que tout est fait pour que le bruit de fond brouille le signal. Ces chiffres n’incluent pas les immigrants en Guyane ou à Mayotte où ils représenteraient la moitié de la population locale ! Finalement, personne ne sait, même de façon approximative, combien d’immigrants irréguliers entrent en France chaque année.

L’écume sur la mer

Chaque jour, nous recevons quantité d’informations sans importance pour notre destin ou celui de notre communauté. On peut se contenter de la surface des choses et se laisser vivre sans s’inquiéter du mouvement des plaques tectoniques, il suffit pour cela de ne regarder que l’écume sur la mer… et aucun signal ne nous parvient.

Faites l’essai, pendant une semaine ou un mois, de ne prêter attention qu’aux résultats sportifs, aux prévisions météo, aux soldes, au prix de l’essence, aux vidéos des influenceurs aux films de vampires et… à l’heure de l’apéritif. Vous ne serez pas perturbés et sans doute vous vivrez tranquilles. A quelques détails près, je crois que c’est la position de la majorité de mes concitoyens les plus bienheureux. Qui peut les blâmer ?

Le bruit de fond qui couvre le signal peut-être un avantage pour ne pas percevoir les signaux qui nous dérangent, nous perturbent ou nous font peur… Beaucoup de gens veulent rester sourds et aveugles aux signaux qu’ils ne veulent pas voir. L’idéologue est aveuglé par son idéologie, au point qu’il ne perçoit pas le signal. C’est un cas fréquent en économie. Par exemple, actuellement, certains pays, dont la France, continuent à s’endetter chaque mois, malgré les alertes. Alors que la dette atteint déjà 3000 milliards (près de 120% du PIB) et que la charge de la dette s’alourdit et atteint 50 milliards par an. C’est plus qu’un signal, c’est une balise de détresse, qui met les Français dans une situation hautement périlleuse.

Il se peut bien que nos a priori, nos théories rationnelles et nos certitudes soient aussi des obstacles qui obstruent la perception du signal, pour peu qu’il ne soit pas conforme à nos attentes ou à notre théorie. Dans ma précédente chronique, j’ai évoqué les mésaventures du Docteur Semmelweis qui fut mis à la porte de l’hôpital de Vienne par ce qu’il imputait la très forte mortalité des femmes ayant accouché à l’hôpital au fait que les accoucheurs ne se lavaient pas les mains ! Deux siècles se sont écoulés entre la découverte des microbes et le moment où l’on a accepté qu’ils soient la cause de maladies…

On peut aussi, bien sûr, être aveuglé par l’amour, ou par la haine, et manquer le signal. C’est ainsi, par exemple, que l’on n’est pas alerté par un comportement anormal d’un adolescent qui devient associable, ce qui peut cacher un comportement déviant que l’on ne veut pas imaginer de la part de quelqu’un que l’on aime…

J’aime bien cet adage dont nous aurions tous intérêt à se souvenir : « Les vérités qu’on aime le moins apprendre, sont celles qu’on a le plus intérêt à savoir » !

Les détecteurs de signaux

Il y a aussi ceux qui, au contraire, sont des chasseurs de signaux. Ils sont à l’affût pour détecter le signal qui fasse sens. Comme des détectives, ils cherchent à comprendre ce qui se cache derrière les évènements, le brouhaha, les apparences, les symptômes, les discours et les non-dits.

Un certain nombre d’humains aime comprendre les rouages qui nous gouvernent, au niveau biologique, psychologique, sociétal, politique, économique, etc… Pour cela ils cherchent à interpréter les signaux qui émergent du bruit de fond.

Le métier de psychologue ou de psychanalyste consiste à décrypter le discours du patient, à l’interpréter afin d’en faire apparaitre le sens caché. Le médecin va chercher un signe dans ce qu’il perçoit en auscultation ou ce qu’il fait émerger des résultats d’analyse. De même, le journaliste, le sociologue ou l’historien sont des chercheurs de signaux pour nous aider à comprendre le monde et à percevoir l’évolution des évènements.

Votre serviteur, dans ses chroniques hebdomadaires, depuis 10 ans, ne fait rien d’autre que de détecter des signaux dans l’actualité pour l’aider à comprendre notre époque et imaginer où elle nous conduit, comme d’autres sondent l’univers et enregistrent les ondes électromagnétiques en provenance du cosmos pour en surveiller l’expansion…

Le plus grand risque, c’est de confondre le signal et le bruit de fond. C’est ce que font ceux qui ne s’attachent qu’aux apparences et à l’écume sur la mer, ceux qui font profession de bonimenteur, les publicitaires, les politiciens et trop souvent les journalistes eux-mêmes. Par idéologie, par intérêt personnel ou par incompétence, ils ne détectent pas les signaux qui perturbent leur vision de la société. Ceux qui les suivent et leur font confiance courent un grave danger ! En effet, détecter les signaux qui font sens est essentiel pour se diriger dans la vie, pour prendre les bonnes décisions, pour éviter les dangers et vivre en sécurité.

Vous l’aurez deviné, ma passion consiste à tenter de sonder notre société et à y détecter des signaux significatifs qui éclairent notre futur. A titre d’exemple, j’ai déjà longuement exposé et argumenté les principaux dangers qui menacent nos sociétés : une démographie anémique, un vieillissement accéléré de nos populations, une immigration massive, une désindustrialisation de l’Europe, un système éducatif laxiste, une délinquance galopante, une augmentation des inégalités, une perte du goût du travail, une dérive des mœurs et une démocratie malade.

Ayons l’œil et détectons les signaux pour nous orienter dans la vie et prendre les bonnes décisions. Ceci est valable à tous les niveaux, personnel, professionnel, scientifique, politique, économique, etc… Ne prêtons pas attention au bruit de fond, fuyons-le lorsqu’il devient assourdissant et laissons cela à ceux qui préfèrent s’étourdir. Ils seront peut-être plus heureux mais moins conscients.  La cécité et la surdité aux signaux représentent de graves pathologies chez ceux qui prétendent nous diriger ou nous conseiller…

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