Dans cette Chronique Libre, si nous préconisons la révolution, ce n’est pas celle du Grand-soir, ce n’est pas celle des barricades et des manifestations de rue derrière des braillards qui hurlent des slogans débiles. Nous préconisons la révolution des idées, c’est à dire du changement de mentalité du peuple et des leaders. Seule cette révolution des idées peut permettre d’éviter « La Révolution » bête et méchante qui finit toujours mal. En effet la révolution des idées se traduit toujours en actes facteurs de changements.
Parmi les nombreuses révolutions des idées que nous devons accomplir, il y a celle de la finance et de la répartition des richesses. Je dois dire que je suis extrêmement choqué par les déséquilibres actuels. D’un coté des salariés dont le niveau de vie est chaque jour érodé et le salaire de plus en plus aléatoire. D’un autre, une oligarchie financière chaque jour plus riche et plus arrogante. Ainsi on prévoit pour l’année 2010 une explosion du bénéfice des grands groupes internationaux. En France, par exemple, il est prévu que les 40 plus grandes sociétés augmenteront leurs bénéfices cumulés de 80% par rapport à l’année précédente. On peut se réjouir de ces bons résultats, mais on peut aussi demander quelle partie de ces bénéfices ira aux actionnaires et quelle partie ira aux salariés ?

L’argent coule à flot, mais il n’irrigue pas toute l’économie. Une grande partie fonctionne en circuit fermé entre quelques intervenants. Où vont aller les 600 milliards de dollars que la banque fédérale américaine a sorti d’un chapeau ? Ils vont aller vers les banques qui, au lieu de les prêter, vont les utiliser pour spéculer sur les monnaies, sur les matières premières et sur les actions, ce qui aura pour effet d’augmenter de façon vertigineuse les primes des traders. C’est ainsi qu’un joaillier londonien vient d’acheter chez Sotheby’s à Genève un diamant pour 46 millions de dollars, afin sans doute, de pouvoir le revendre encore plus cher ; il s’agit du Fancy Intense Pink que vous pouvez voir ci-dessus pour moins cher. Le même jour Christie’s a vendu une simple montre Patek en or pour 2.6 millions de dollars. Et il s’est trouvé quelqu’un pour monter les enchères jusqu’à 300.000 dollars pour une bouteille Impérial Cheval Blanc 1947 ! vous avez bien lu, une bouteille de vin, une grande il est vrai, pour trois cent mille dollars, certes avec les frais. D’autant qu’à ce prix, personne n’aura l’audace de la boire et qu’on l’oubliera dans un coffre…

Bien sûr, ce ne sont que des anecdotes, mais comme nous le disons souvent : tout est symptôme ! Ces aberrations sont le symptôme d’un déséquilibre profond entre ceux qui travaillent et ceux qui spéculent ; entre ceux qui ne travaillent pas parce qu’ils ne trouvent pas de travail et ceux qui ne travaillent pas parce qu’ils sont actionnaires et rentiers.
Le Marxisme et le Capitalisme donnent l’un et l’autre la primauté au matérialisme et à l’économie dans la marche du monde. Cependant le totalitarisme communiste écrase l’individu au profit d’une volonté collective confiée à une oligarchie. Tandis que le néolibéralisme refoule l’instance collective au profit de l’individu et, dans la dérive actuelle, au profit d’un groupe d’individu, en quelque sorte une oligarchie financière. Finalement nous en sommes arrivés au point où le libéralisme accouche d’un nouveau totalitarisme.(1)
C’est pourquoi ici nous plaidons pour une révolution des idées, afin d’éviter la révolution dans la rue. Toutes les révolutions ont été le résultat de deux causes essentielles : d’une part un profond déséquilibre entre les riches et les pauvres, et d’autre part une ruine des finances de l’Etat. Telle était la situation en France en 1789, comme en Russie en 1917, comme en Union-Soviétique en 1989 et comme c’est le cas aujourd’hui dans de nombreux pays. Si nous ne sommes pas capables de supprimer ces trop grands déséquilibres et si l’Etat ne parvient pas à améliorer ses finances, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.
(1) Lire à ce propos le livre du philosophe d’origine Bulgare Tzvetan Todorov : Le Siècle des Totalitarismes (Laffont-2010)
Citation du jour :
« La situation est désespérée mais pas grave »
Winston Churchill
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