Qui fabrique l’argent ? Qui décide d’en créer ? Peu de gens savent répondre à ces questions fondamentales. Tous les jours nous utilisons une monnaie, sans savoir d’où elle vient.
Comprendre le processus de la création monétaire, c’est mieux comprendre la crise économique et financière qui secoue tout l’occident. Disons, pour simplifier, qu’il y a deux sources de création. La première source, c’est le crédit. Lorsque nous allons voir notre banquier pour lui demander de nous accorder un crédit, nous lui demandons de créer de la monnaie. La banque n’a pas l’argent qu’elle nous prête, elle se contente de nous donner l’autorisation de dépenser une certaine somme en contre partie d’un taux d’intérêt. Dans ses comptes, elle inscrit la somme que nous lui devons et, lorsque nous remboursons, elle annule la ligne. Il y a donc eu création de monnaie, suivie par sa destruction. Nous comprenons ainsi que, plus il y a d’activité économique, plus d’entreprises et de particuliers empruntent, plus la création monétaire est importante, plus l’argent circule et plus il peut y avoir création de richesses. Notons que la monnaie papier ne constitue qu’une infime partie de l’argent qui circule.
Contrairement à ce que l’on croit, les Etats sont privés du droit de créer de la monnaie. Un Etat
n’a que les impôts comme ressources, sinon il faut qu’il emprunte à La Banque Centrale qui va ainsi créer de la monnaie que l’Etat devra rembourser contre intérêt, exactement comme un particulier ou une entreprise. C’est la deuxième source de création monétaire. Mais lorsque les états dépensent beaucoup plus qu’ils ne gagnent, ils doivent emprunter beaucoup et payer des intérêts de plus en plus élevés car le risque qu’ils ne puissent pas rembourser augmente. C’est ce qui se passe actuellement en Europe avec « la crise de la dette ». Si la banque centrale créait indéfiniment de la monnaie sans exiger de remboursement, la masse monétaire deviendrait gigantesque et l’argent ne vaudrait plus rien. C’est la rareté et la confiance qui font la valeur de l’argent. Si l’argent pouvait être créé à partir de rien, l’argent ne vaudrait plus rien. C’est l’hyperinflation, situation catastrophique qu’a connue l’Allemagne dans les années 20 et c’est pourquoi ce pays est si vigilant pour contrôler ce risque.
La création monétaire par les banques ordinaires va irriguer l’économie et stimuler les investissements rentables. La création monétaire par les banques centrales peut aussi aller vers la création de richesse si cet argent est utilisé pour des grands travaux qui déboucheront sur une valeur ajoutée, c’est à dire s’ils sont rentables. Mais, si cet argent est utilisé pour payer des fonctionnaires, pour combler les déficits des assurances maladies ou des caisses de retraites, c’est une dette stérile qui ne fait qu’appauvrir le pays. Quoi qu’il en soit, plus les banques centrales offrent de crédit, plus elles créent d’argent et donc plus elles risquent de générer de l’inflation. Trop de création monétaire tue l’argent. La valeur d’une monnaie ne vaut que par la confiance qu’on lui accorde. Nous en sommes là, la confiance est ébranlée et la faillite devient le risque majeur !…
Les banques centrales occidentales, qu’il s’agisse de la Banque Centrale Européenne (BCE) à
Francfort ou bien la Réserve Fédérale Américaine (Fed) à New York, sont des institutions indépendantes du pouvoir politique. Ce point est important afin de mieux contrôler l’émission de monnaie et donc l’inflation. Il s’agit en fait d’institutions privées, contrôlées par les grands noms de la finance internationale. Ce sont donc eux qui contrôlent le monde, surtout aujourd’hui compte tenu du niveau de la dette.
Certains penseurs alternatifs envisagent un autre mécanisme. Ils plaident pour que les banques centrales ne soient plus des établissements privés qui prêtent souvent à des taux très élevés et qui ruinent les états, mais qu’elles deviennent des institutions publiques, indépendantes, et qui prêteraient sans intérêt. Dans ces conditions les états ne rembourseraient que le capital. Ce schéma peut être séduisant mais se heurte à une double opposition. Opposition des banques centrales et de la finance internationale d’une part (l’on pouvait s’y attendre) et opposition des leaders politiques, toutes tendances confondues, d’autre part.

Pour comprendre l’opposition des leaders politiques occidentaux à toute réforme sérieuse de la finance internationale, il convient d’avoir à l’esprit qu’aucun candidat ne peut être élu sans l’appui du lobby financier et de ses réseaux. Par exemple, le président Obama a été élu par Wall Street et ne peut lui déplaire. Ses tentatives de réguler la place de New York ont été très mal vécues par l’oligarchie qui gouverne le monde. De même, la réglementation imposée par le Président Français Sarkozy et, en particulier, la taxe sur les transactions financières, ne lui sera pas pardonnée. Nous voyons déjà, des deux côtés de l’Atlantique, la presse téléguidée, se déchaîner contre ces deux candidats à l’investiture, afin de leur barrer la route à une réélection et d’y mettre des candidats plus dociles.
