156 – LA LOI DU MOINDRE EFFORT

Nous avons une maison de campagne entourée de bois. Un jour nous vîmes de loin un chat à demi sauvage qui rodait. Il s’approcha chaque jour davantage et peu à peu il prit confiance. Nous lui donnâmes à manger quand nous étions là. Mais, au fil du temps, il devint de plus en plus dépendant à la nourriture que nous lui donnions, au point de renoncer à chasser. Matin et soir il sortait du bois pour venir réclamer ce qui devint son dû. D’un chat sauvage, autonome, nous avons fait un chat dépendant et assujetti à sa pitance.

L’homme n’est pas très différent de l’animal et recherche toujours la facilité qui lui est proposée. Nous n’avons plus besoin de chasser pour nous nourrir et nous préférons acheter nos légumes au supermarché au lieu de cultiver notre jardin. La société moderne s’est ingéniée à nous proposer quantité de « progrès techniques » destinés à nous faciliter la vie et à nous éviter les efforts. Si nous comparons notre vie à celle de nos grands parents, nous vivons comme des Pachas. L’effort physique, bien souvent, n’est plus une contrainte et le travail a fort heureusement beaucoup perdu en pénibilité, personne ne s’en plaindra, mais nous avons aussi perdu le goût de l’effort…

Le progrès social nous a aussi apporté son lot de confort. Nos sociétés modernes occidentales se sont dotées d’une kyrielle d’assurances diverses afin de faire face à toute une série de dangers, d’accidents et d’aléas de la vie. Nul ne peut nier que pouvoir se protéger contre les bourrasques de la vie constitue un progrès considérable. Mais nous sommes actuellement en train de nous apercevoir que, généralement, les hommes sont capables d’efforts seulement si la nécessité les y oblige. Disons, pour être francs, que nous cherchons plutôt le moindre effort et nous sommes pour cela très ingénieux. De nombreux citoyens des démocraties occidentales et d’ailleurs, exercent ainsi leurs talents et leur ingéniosité pour profiter du système. Comment gagner sa vie sans travailler ? Dans quel pays serais-je le mieux pris en charge ? Quel médecin prescrit volontiers des arrêts maladies ? Quelles sont les astuces pour toucher des subsides et des allocations diverses ? Comment se faire rembourser par la caisse maladie mon dernier lifting ? Je manque sans doute d’imagination et d’information pour dresser la liste complète de toutes les combines pour être assisté d’une façon ou d’une autre.

On peut s’interroger sur la notion de gratuité, c’est-à-dire recevoir quelque chose en échange de rien. La relation n’est pas harmonieuse car il y a ainsi une mise en dépendance. Recevoir un salaire, sans échange d’un travail ou d’un service en retour, est une sorte d’aliénation. Quand on songe que dans nombreux pays environ 20% de la population reçoit un subside pour vivre, sans aucune obligation en retour, il y a tout lieu d’être effaré et inquiet. Il serait pourtant si facile de demander à chacun un minimum de contreparties, tant sont nombreuses, dans nos sociétés, les tâches les plus diverses qui ne sont pas assumées. Ce travail est la condition sine qua non pour, d’une part éviter la mise en dépendance par l’assistanat et, d’autre part, pour rendre sa dignité et sa responsabilité à celui qui se trouve marginalisé.

Je n’ignore pas qu’il existe de vraies misères et de vraies détresses qu’il est indispensable de soulager. Mais chacun sait bien combien l’aide d’urgence peut facilement se transformer en assistanat chronique. Il est si facile de se laisser dorloter, comme un enfant, par l’Etat Providence, en oubliant de se prendre en charge soi-même. Nous avons tous fait l’expérience de personnes que nous avons « aidés », mais qui finalement n’en n’ont pas tiré profit. Il se crée souvent, à notre insu, une relation de type névrotique entre celui qui « donne » et celui qui « reçoit », en psychologie on dit entre « le sauveur » et « la victime ». Il est si facile de se transformer en victime, c’est d’ailleurs la méthode la plus efficace pour attirer l’attention des sauveurs ! Regardez autour de vous, et repérez ceux et celles qui sont toujours du côté du sauveur ou toujours du côté de la victime. Cette relation se finit toujours mal car le sauveur n’en fait jamais assez aux yeux de la victime qui a un talent spécial pour culpabiliser le sauveur. Dans un mouvement de bascule, le sauveur devient alors le bourreau, s’il refuse de continuer son aide. C’est la même chose au niveau des Etats: la Grèce trépigne d’impatience parce que l’Europe ne l’aide pas assez vite!

Cette triangulation sauveur- victime- bourreau fait partie intégrante de toutes relations d’aide, aussi bien au niveau collectif qu’au niveau individuel. Nous le voyons aujourd’hui au sein des Etats qui doivent faire des coupes dans les subsides et qui sont accusés par le peuple d’être des ingrats et des bourreaux. Nous devrions toujours garder à l’esprit ce proverbe fameux : « Aide-toi, le ciel d’aidera ». L’aide, par définition, ne devrait être que provisoire, comme une main secourable pour nous sortir de l’ornière. Mais ensuite, c’est à chacun de mener sa vie, en toute liberté, c’est-à-dire en toute responsabilité.

Citation du jour :

« Donner et recevoir ne sont que des aspects différents du flot de l’Univers. Décider de donner ce que nous voulons recevoir permet à l’abondance de l’Univers de circuler à travers nos vies ».

Deepak Chopra ; Les sept lois spirituelles du succès ; chapitre 2

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Un commentaire

  1. Un beau bonjour à Chronique Libre ainsi qu’à ses partenaires et merci de pouvoir m’exprimer. Concernant le sujet mentionné en rubrique, je peux vous dire que je suis moi-même un exemple vivant de ses dires. Par chez-nous, nous avons une expression qui est lourde de sens: ”Donne à manger à un cochon et il viendra ch… sur ton perron!”. Excusez-là !

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