582 – POUR UNE POLITIQUE DE L’EMPLOI

 

Il convient, avant tout, de se débarrasser des idéologies dont les partis politiques sont friands et qui stérilisent la pensée et le bon sens. L’emploi est un des problèmes majeurs en Europe mais de nombreux gouvernements restent figés dans des attitudes sclérosées du passé.

On oublie trop souvent que le travail est un moyen extraordinaire d’épanouissement personnel. Il est donc primordial que chacun puisse se sentir heureux au travail. Cela passe par des conditions de travail agréables, par des bonnes relations avec la direction et la hiérarchie et, surtout, par un environnement qui glorifie le travail. Dans certains pays, tel la France, le travail est trop souvent vu comme une punition, comme une corvée indispensable. Cette attitude négative face au travail est générée par les syndicats qui ont une culture d’affrontements, de lutte et de combats. Il faudra l’effort des gouvernements et des media pour changer les mentalités.

35-heures-L-RWgP2hDans le même ordre d’idée, il convient d’abolir définitivement, en France, le fameux carcan des 35 heures qui a fait la risée du monde entier. On se demande même comment un individu ayant une once de bon sens a pu imaginer qu’en travaillant moins, un pays allait s’enrichir. Il n’y a qu’au pays de Descartes que peut fleurir pareille stupidité ! Nous pouvons avoir des doutes légitimes sur le niveau intellectuel des politiciens… et des électeurs… Finalement, la France s’est volontairement et collectivement appauvrie!

Cette attitude négative face au travail est encore pire en ce qui concerne le travail manuel qui doit absolument être revalorisé. Trop de jeunes rêvent de passer leur vie bien au chaud dans un bureau, y compris pour y faire un travail fastidieux. La noblesse du travail manuel, qui demande intelligence et dextérité, doit être mise en avant par l’intermédiaire d’apprentissages d’excellence, délivrant des diplômes aussi prestigieux que pour les études dites « supérieures ». Ceci afin de redonner une dignité aux travailleurs. De nombreuses offres d’emploi ne sont pas satisfaites par manque de candidats ! Voilà donc les initiatives de fond, sur la durée, qu’il faudrait entreprendre.

Il faut ensuite se poser la question des freins à l’emploi. Pourquoi les employeurs potentiels n’embauchent-ils pas ? Nous avons eu l’opportunité de discuter avec de nombreux artisans, commerçants, et chefs d’entreprise en France et nous avons été nous-mêmes employeurs. L’évidence absolue, c’est que le plus grand frein à l’embauche est la peur de ne pouvoir licencier en cas de besoin ou d’être lourdement pénalisé. Nous avons rencontré quantité d’artisans, débordés par le travail et refusant d’embaucher à cause de cela. Le licenciement est considéré en France comme la catastrophe absolue, on y peut divorcer en quelques jours, mais un licenciement est vécu comme une déchéance. Nous considérons qu’une libéralisation durable des procédures de licenciement est susceptible de générer, très vite un million d’emplois ! Un pays comme la Suisse, où un licenciement est une formalité beaucoup plus simple, le taux de chômage tourne autour de 3% ! Perdre son emploi n’est pas un drame si on peut en retrouver un facilement.

Les lourdeurs administratives, et la hauteur des charges sociales, constituent l’autre grand frein à l’embauche. Une politique dynamique de l’emploi peut réduire drastiquement le nombre de chômeurs et les charges afférentes. Les charges de sécurité sociale doivent être diminuées par une saine politique de santé, dont nous parlerons dans une autre chronique. Il convient également de diminuer la pression fiscale, devenue intolérable, pour les sociétés comme pour les classes moyennes. Ceci n’est possible que si l’Etat se résout à diminuer ses dépenses de façon importante, ce qui constituera aussi le volet d’une prochaine chronique, car la charge administrative est un handicap déterminant dans la compétitivité des entreprises. Dans une vision plus globale, nous verrons aussi dans une prochaine chronique, comment une politique agricole et alimentaire orientée vers l’écologie peut nécessiter des centaines de milliers de travailleurs spécialisés.

_PPjmuSX7wAivXbctgrhecW4ccg L’indemnisation du chômage est un autre aspect d’une politique de l’emploi. Notre philosophie revêt deux aspects essentiels : d’une part, il nous semble important que les chômeurs conservent leur dignité et restent insérés dans le tissu social et, d’autre part, nous considérons que toute indemnité mérite une contre partie de la part de celui qui la reçoit. Chacun possède des compétences et les chômeurs doivent mettre leurs compétences au service de la communauté, au niveau local. Les municipalités, les services de l’éducation et les soins aux personnes âgées sont autant de domaines qui fourmillent de besoins non satisfaits. Il y en a bien d’autres…

Une telle politique de contre partie doit être la pierre angulaire de l’indemnisation chômage, en particulier chez les jeunes. Elle a en effet de multiples avantages : elle permet d’éviter le déclassement des chômeurs, surtout les chômeurs de longue durée, elle redonne de la dignité, elle permet d’allonger la durée d’indemnisation si besoin et, enfin, elle élimine les faux chômeurs qui ne recherchent pas d’emploi et souhaitent seulement profiter du système.

Les emplois ne se « créent » pas, ne se décrètent pas, comme l’on entend trop souvent ; ils se génèrent, lorsque les conditions économiques et administratives le permettent. Par conséquent les « agences pour l’emploi » n’ont aucune possibilité de générer des emplois et ne servent donc à rien, sauf à contrôler les chômeurs et à verser les indemnités. Il faudrait donc que ces agences subissent une cure d’amaigrissement, en laissant les chômeurs rechercher eux-mêmes un travail sur les sites internet spécialisés. C’est leur responsabilité entière. Ils savent mieux que quiconque ce qu’ils savent et aiment faire !

tumblr_nq4xzp6Ak11rcc96mo1_500 En fin de compte, nous plaidons pour une très grande fluidité du marché de l’emploi dans lequel il est aussi facile de trouver un emploi que de le perdre. Tout simplement, il faut accepter que changer d’emploi n’est pas un drame ! Pour arriver à ce résultat il est nécessaire de simplifier le droit du travail qui n’est qu’une somme de lois et de décrets incompréhensibles et contradictoires qui pénalisent les employeurs sans aider les employés. Il est important que les politiques se mettent bien dans la tête que les employeurs n’embauchent que si les avantages sont supérieurs aux inconvénients et qu’ils ne licencient pas par plaisir ou par sadisme !

Telle est la société ouverte et dynamique dont nous rêvons, à l’opposé de la société frileuse et recroquevillée sur elle-même que nous observons en France. Ces propositions devraient être acceptées par le peuple, par un vote, afin de couper court aux arguments fallacieux des politiciens et des syndicats, pollués par des idéologies désuètes.

La semaine prochaine nous vous proposerons un programme « Pour une Politique de l’Education ».

Restez à l’écoute…

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