732 – LE NORMAL ET LE PARANORMAL

Quelle différence y-a-t-il entre les collègues de Galilée qui refusaient de regarder à travers son télescope et les scientifiques qui, aujourd’hui, refusent d’étudier les phénomènes dits « paranormaux » ? Ils refusent de se pencher sur une réalité qui n’est pas conforme à leurs théories.

 Le « Normal » correspond à ce que l’on connait, à ce que l’on a l’habitude de voir et à ce qui obéit aux lois communes, acceptées par le plus grand nombre. Si je lance un caillou en l’air je ne suis pas étonné, qu’après une course proportionnelle à l’énergie que j’ai mise, il retombe au sol. Depuis Newton, et grâce à lui, j’en connais les raisons, les causes.

Un phénomène paranormal est un évènement que l’on ne comprend pas et qui échappe aux lois physiques que nous connaissons. Pour Newton, et pour les physiciens jusqu’au 19èmesiècle les phénomènes observés en physique quantique sont paranormaux. Même encore aujourd’hui, bien des phénomènes observés au niveau de la physique de l’infiniment petit peuvent être considérés comme paranormaux, à commencer par l’imbrication quantique, car ils ne répondent pas aux lois communes de cause à effet. Le grand physicien Max Born eut cette formule qui résume bien la situation : « La physique d’une époque est la métaphysique de la suivante ».

Les cinq modèles de la réalité

Nous connaissons assez bien aujourd’hui le monde qui nous entoure, celui de la matière que l’on peut voir, toucher, ou ausculter avec des appareillages. C’est notre monde quotidien des corps et des objets dont nous pouvons apprécier les dimensions et les caractéristiques. C’est notre premier modèle du monde.

Au 19èmesiècle, le physicien Anglais Lord Kelvin pouvait dire qu’il ne pouvait croire qu’une théorie puisse être valide si elle ne suivait pas les mêmes lois qu’une machine. Beaucoup de gens qui se disent modernes, et même certains scientifiques, croient encore aujourd’hui que toute réalité fonctionne comme une machine !

Dès le début du 20èmesiècle, le physicien Max Plank fut l’un des premiers à développer l’idée que les lois physiques dont il disposait ne pouvaient rendre compte des observations faites de l’infiniment petit. Il démontra que le « système métaphysique » nécessaire pour comprendre et expliquer le microcosme était différent du système valide pour la réalité des choses accessibles à nos sens. Einstein ne croyait pas à l’intrication quantique, « cette action fantôme à distance », il aurait pu dire « paranormale» !

Il montra qu’il avait besoin d’un troisième système, d’un troisième modèle, pour rendre compte des objets trop grands, trop loin, ou animés d’une trop grande vitesse, pour être accessibles à nos sens. Aucun de ces trois systèmes n’exclut les autres, ils sont seulement chacun nécessaire pour expliquer une partie de ce que nous expérimentons, ils sont complémentaires.

Comme je l’ai esquissé dans ma précédente chronique, les scientifiques sont toujours à la recherche de « l’équation fondamentale » capable de rendre compte de toute la réalité, dans sa diversité et sa complexité. Ils admettent cependant aujourd’hui qu’il est nécessaire de faire appel à un autre modèle pour comprendre comment fonctionnent les comportements humains, la façon dont nous vivons, la genèse de nos décisions. Les lois de Newton ne suffisent pas pour comprendre l’humain !

Puis, lorsque la compréhension du psychisme humain fut un peu décodée, il s’avéra que nous avions besoin d’un cinquième modèle pour appréhender la conscience. C’est une réalité sans chose, mais avec seulement des processus, une réalité observable par une seule personne et non quantifiable. On ne sait même pas mesurer le niveau de conscient d’un patient. Il s’agit donc d’une réalité privée, caché à l’expérimentateur extérieur et insaisissable, mais néanmoins « vécue » et dont chacun individuellement peut faire l’expérience.

La conscience est une réalité fugace, mobile, multiforme, sans cesse changeante et échappant à la loi fondamentale de la physique, qui veut que chaque cause produise les mêmes effets. Rien n’est plus faux au niveau du psychisme humain ! Non seulement notre psychisme et notre conscience sont très individuels, mais ils n’obéissent à aucune loi commune et, même en chacun de nous, ces lois sont à géométrie variable !

Où se situe la réalité ?

La science est donc bien obligée d’admettre qu’il faut plus d’un système explicatif pour rendre compte de la réalité. Nous ne vivons pas dans un univers, mais dans un « plurivers ». De façon plus générale la science finit par se demander si elle saura un jour ce qu’est la réalité. « Le principe d’incertitude » qu’Heisenberg appliquait à la mécanique quantique, peut désormais s’appliquer à bien d’autres aspects de la réalité.

Le psychisme humain est un monde à lui tout seul avec de multiples aspects. C’est un monde que l’on peut qualifier de paranormal, même si certains scientistes s’évertuent à vouloir faire la différence en la psychologie officielle qui a le droit de cité, est enseignée à l’université et reçoit des crédits de recherche et la parapsychologie que la science refoule dans son inconscient et affuble de ses brimades. D’un côté le droit aux palmes académiques, de l’autre le domaine du diable et de ses acolytes, dénommés charlatans.

Et pourtant, nous avons en nous plusieurs réalités parallèles sur lesquelles nous savons bien peu de choses. Lorsque nous rêvons ou que nous jouons, notre réalité est bien différente de celle que nous expérimentons lorsque nous travaillons avec concentration sur la résolution d’un problème. Lorsque nous sommes en train de prier, nous expérimentons un autre modèle de réalité qui est encore différent de celui que nous vivons lorsque nous écoutons une sonate de Beethoven.

Aucun de ces processus est supérieur ou inférieur aux autres, ils sont seulement différents et complémentaires. Cette complexité constitue la richesse de notre psychisme. D’autres manifestations psychiques sont aussi surprenantes que la mémoire, le rêve ou l’effet placebo.

Ainsi, la transmission de pensée, la prémonition, la divination ou les expériences de mort imminente, ne sont pas plus paranormales que la suggestion hypnotique ou l’effet placebo. Elles sont pourtant rangées dans le fourre-tout dénommé « parapsychologie », domaine tabou pour tout scientifique qui se respecte.

Tomber amoureux, est-ce du domaine de la psychologie officielle ou bien est-ce du ressort de la parapsychologie ? Il s’agit d’un phénomène tout à fait irrationnel qui échappe à l’analyse, impossible à prévoir et impossible à reproduire, les mêmes causes ne produisant jamais les mêmes effets.

Selon le théorème de Bell, Einstein n’a plus besoin d’avoir peur : l’enchevêtrement n’est pas réservé au domaine quantique. Nous sommes tous connectés à une « Unité » qui s’écoule des parties les plus infimes de notre être, jusqu’aux confins du cosmos…

Le monde objectif existe. Il n’est pas une illusion. Il est réel sans être l’ultime, tout en étant une forme et une expression de l’ultime. C’est une illusion de regarder le monde comme une ultime réalité. « Tout est dans tout et réciproquement ».

 

Si vous voulez approfondir cette réflexion, je vous conseille la lecture du livre de Lawrence LeShan : « From Newton to ESP, parapsychology and the challenge of modern science ».

 

 

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2 commentaires

  1. Merci pour cet article (et tous vos articles en général qui sont de grande qualité). Pour compléter, il est intéressant d’aller voir du côté de l’INREES (Institut de Recherche sur les Expériences Extraordinaires) et de sa revue Inexploré qui analyse sérieusement les phénomènes paranormaux. Un ouvrage passionnant à lire est “La preuve par l’âme : Un polytechnicien démontre notre immortalité” de François de Witt qui, au delà d’un titre quelque peu racoleur, cherche à démontrer par une enquête minutieuse de trois ans aux frontières de la connaissance-psychanalyse, paranormal, épi génétique, astrophysique, mécanique quantique… que nous avons tous une âme, qu’elle vient d’ailleurs, est porteuse d’un projet que nous ne réalisons pas toujours et qu’on a la possibilité de réaliser car nous sommes immortels !
    Ou encore pour sonder les limites du cadre médical actuel qui ne traite médicalement qu’un seul de nos corps (corps physique) sans tenir compte des 2 autres (corps énergétique et spirituel) les ouvrages de Janine Fontaine (ex: Médecin des 3 corps), on prend conscience d’une réalité plus large que celle perceptible à nos 5 sens…

    1. J’ai lu en son temps le livre perturbant de Janine Fontaine, “médecine des trois corps”.
      Je suis les publications de l’INREES, souvent fort intéressantes. Ils font un travail utile et courageux..
      Merci pour les précisions que vous donnez.

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