359 – L’EUROPE ALLEMANDE

Pour diriger l’Europe et garder le cap par temps de tempête, l’Allemagne se retrouve seule. L’Italie ne fait pas encore le poids et la France s’est discréditée avec sa politique économique suicidaire. La Grande-Bretagne, qui n’aurait jamais dû franchir le seuil de l’Europe, se dirige vers la sortie. 

Un certain nombre de gouvernements européens et d’économistes n’ont pas encore réussi à se mettre dans la tête qu’il ne peut y avoir de façon indolore de sortir de la crise. Il faudra une génération d’efforts pour réparer une génération de gaspillage. En ce qui concerne les pays du Sud, la crise est encore devant et à ses tout débuts. A ceux qui pensent que nous tenons des propos pessimistes, nous répondrons que « un pessimiste est un optimiste bien informé !».

 Dans ces conditions, l’Europe se construira sur le modèle Allemand ou bien se délitera ; il n’y a pas d’alternative. Pour l’instant nous assistons à un camouflage éphémère qui cherche à cacher à certains citoyens la gravité de la situation et les modifications profondes qu’il faudrait entreprendre pour sortir de l’ornière. Rien ne sera possible sans une diminution drastique des dépenses de l’Etat et de ses déficits ; rien ne sera possible sans davantage de travail et moins de gaspillages. Il est dommage que certains pays, telle la France, refusent ces mesures de sauvetage et attendent d’être dans la situation de la Grèce pour réagir.

Il est clair que la compétitivité est au cœur du problème car les différents pays européens sont avant tout en compétition les uns avec les autres. Regardons la durée du travail au cours d’une vie : l’ensemble des pays riches du Nord de l’Europe ont suivi le modèle Allemand avec une retraite à 65 ans après 45 ans de cotisation. En France, on peut partir en retraite à 60 ans après 40 ou 41.5 années de travail ! Dans ces conditions, elle sera incapable d’assurer une retraite décente à ses concitoyens.

Le gigantisme du secteur non-productif de la fonction publique demeure le point le plus noir de l’économie française : une étude vient de montrer que rapporté au PIB « la France consomme 163 milliards d’Euros de plus de dépenses publiques par an que l’Allemagne ». Elle a par ailleurs 44% de fonctionnaires en plus que l’Allemagne, par rapport à sa population. L’affaire est entendue, si la France reste sur ce modèle elle signe sont avis de décès.

La comparaison ne s’arrête pas là : au cours d’une année les Allemands travaillent en moyenne 1904 heures tandis que les Français se contentent de 1679 heures. Bien entendu, la durée du travail ne constitue qu’un des aspects de la compétitivité, mais sur les autres plans, en particulier concernant les charges qui pèsent sur le travail et le degré d’imposition, la France est championne toutes catégories ! Le rapport 2012-2013 du Forum économique mondial mesure la compétitivité de 144 pays. En ce qui concerne le droit du travail et la flexibilité, la France est classée à la… 141ème place : vive les cancres !…

Quelque soit le paramètre que l’on étudie, concernant la compétitivité, la France ne fait pas le

La mesure de la compétitivité française:
le déclin des exportations.

poids, sur aucun critère. Dans ces conditions, si elle s’obstine à conserver les caractéristiques qui précèdent, elle ne dispose que d’un paramètre pour retrouver un peu de compétitivité, qui consisterait à baisser les salaires de façon importante. Une telle décision étant, en l’état actuel des choses, tout a fait inacceptable. Il ne suffira pas de remplacer un impôt par un autre pour sortir de la crise et devenir compétitif.

Les politiques peuvent faire tous les discours qu’ils veulent et s’enivrer d’envolées lyriques, ils peuvent fustiger leurs créanciers, ils peuvent accuser le monde entier, ils peuvent créer provisoirement un écran de fumée pour tromper le peuple, ils peuvent acheter du temps en continuant à s’endetter aussi longtemps qu’ils le pourront, mais à la fin le verdict sera impitoyable car, en matière d’économie, il n’y a pas de miracle et pas de cadeau ! Un pays qui n’a plus de compétitivité est un pays qui s’appauvrit à très grande vitesse…

Les mesures de restriction budgétaire sont naturellement douloureuses et doivent conduire à la récession qui est un passage obligé avant de retrouver le chemin de la croissance. La récession provoquée par des mesures d’économie est une récession curative : on se sert la ceinture jusqu’à ce que l’on ait retrouvé sa compétitivité. Au contraire, une récession provoquée par des hausses massives d’impôts, sans mesure d’économie, est une récession pathogène qui conduit à un déclin certain. A revenus constants, il est impossible de juguler une dette si l’on ne réduit pas les dépenses. Même un enfant vous le dirait !…

 L’Europe ne peut se construire que sur le modèle Allemand, basé sur le travail, l’efficacité, la rigueur budgétaire et la baisse des dépenses de l’Etat. Si les pays du Sud ne le veulent pas ou n’y parviennent pas, il n’y aura pas d’Europe. La France est le pays charnière qui doit le plus vite possible changer son orientation et ses choix économiques. La chancelière Allemande fait pression sur le gouvernement français pour qu’il entreprenne enfin les réformes indispensables. La France est sous tutelle et si elle refuse le modèle de l’Allemagne, celle-ci poursuivra seule son destin. Il n’est pas exagéré de dire que le gouvernement actuel tient entre ses mains le sort de l’Europe. Pour l’instant, les pronostics sont très sombres, mais il est toujours possible d’espérer un réveil des consciences… avant qu’il ne soit trop tard !

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Un commentaire

  1. Le grand drame de l’Allemagne est qu’elle n’a même pas le choix de sortir de cette foutue Europe non disciplinée. Un retour au Deutsche Mark ferait exploser la devise à des sommets, suivi du franc suisse. Les autres pays l’ont très bien compris et ils en profitent.

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