L’occident est affublé de bien des fléaux. Parmi ceux-ci, on peut nommer la surconsommation médicale qui transforme des bien portants en malades et font exploser les coûts de la santé.

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J’ai souvent fait l’analogie entre le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir médical, l’un ayant remplacé l’autre en occident. Il fut une époque, pas si lointaine, où les confessionnaux étaient fréquentés par des cohortes de pécheurs contrits et repentants. Aujourd’hui, les confessionnaux se vendent chez les brocanteurs et il n’y a plus de pécheurs ! Dans le même temps, les hôpitaux et divers centres de soins ont fleuri un peu partout, tandis que les malades ou prétendus tels s’y ruent en masse… Ainsi, plus la société est riche et injecte des millions dans le système de santé, plus des millions de malades apparaissent dans le circuit.
Selon le dicton médical, « un homme en bonne santé est un homme qui a été mal examiné ». S’est instauré dans la population une logique du risque zéro qui se traduit par nombre de check-up préventifs ainsi que par la multiplication des diagnostics et autres dépistages précoces.
Un des moteurs les plus puissants de cette dynamique est l’industrie pharmaceutique. « Au moyen de campagnes de promotion, l’industrie pharmaceutique transforme les bien portants soucieux de leur santé en souffreteux soucieux tout court » accuse Alan Cassels, chercheur en politique des médicaments au Canada. Il ajoute : « Des problèmes mineurs sont dépeints comme autant d’affections graves ». La façon la plus simple et la plus efficace pour créer de nouveaux malades consiste, tout simplement, à abaisser les seuils à partir duquel un dosage peut être considéré comme pathologique. Ainsi, on élargit le spectre de l’anormalité et on augmente le nombre potentiel de malades.
Par exemple, le choix de réduire les valeurs admises pour le cholestérol de 3 à 2g par litre a fait

basculer, du jour au lendemain, 42 millions d’américains dans le camp des « sujets à risque ». Le cholestérol occupe désormais les conversations des diners en ville et chacun y va de son expérience en la matière. En outre, le cholestérol génère 25 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour les fabricants des fameuses statines qui font le quotidien de 220 millions de consommateurs dans le monde. Tout cet arsenal pour lutter contre cette pauvre molécule naturelle, essentielle à la vie, et dont aucune preuve sérieuse ne démontre qu’elle augmente le risque cardiaque, sauf chez un tout petit groupe de malades. « Le dépistage systématique du cholestérol dans la population ne permettra pas de diminuer la mortalité et doit être activement découragé », affirme le Docteur Emilio La Rosa dans son ouvrage Les vendeurs de médicaments. En effet, aucune étude ne démontre les bienfaits de ces médicaments pour les personnes qui ont un taux de cholestérol un peu élevé. Pire, chez les jeunes, les statines sont toxiques pour les muscles et chez les personnes âgées, elles altèrent la mémoire !
L’autre domaine extrêmement lucratif pour l’industrie pharmaceutique est l’hypertension. En Allemagne le nombre d’hypertendus a triplé, du jour au lendemain, passant de 7 à 21 millions, lorsque la ligue de lutte contre l’hypertension décida d’abaisser le seuil de 160/90 à 140/90. Il faut préciser que les 20 membres du comité étaient employés par des entreprises pharmaceutiques ! Les médecins se sont donc mis à prescrire des médicaments à des gens qui auraient pu facilement corriger leurs chiffres en arrêtant de fumer ou en modifiant un peu leur alimentation. On estime aujourd’hui que 20 à 30% des hypertendus sont surdiagnostiqués. Il faut savoir que cholestérol et hypertension sont deux paramètres extrêmement faciles à corriger, pris précocement, par de simples mesures d’hygiène de vie et avec une alimentation saine. Mais ces mesures de bon sens ne font pas augmenter le chiffre d’affaires pharmaceutiques…

Médecin retraité depuis déjà bientôt 15 ans ( j’ entre dans la 80e année depuis…4 jours!) je ne pourrais plus exercer la même médecine que celle que j’ai pratiquée pendant 36 ans: bien des années avant de prendre la retraite, j’avais cessé de prescrire exagérément et de demander des bilans biologiques aux “patients” qui me paraissaient en bonne santé… et ai ainsi perdu bien de patients et vu mon fameux chiffre d’affaires se réduire !
Mon épouse et moi vivons sans aucun examen, aucun contrôle, aucun médicament et j’en arrive même à…déplorer la coûteuse complémentaire de santé qui, pour le moment, semble ne servir qu’à enrichir la compagnie en question.
J’apprécie grandement vos chroniques et votre bon sens clairvoyant, votre lucidité… tout ce que à quoi j’ai toujours cru et recherché… contre l’avis moqueur de bien des confrères !
Merci pour votre témoignage. Les patients sont devenus des “pris en charge”, ce qui dit bien ce que cela veut dire! Comme dans d’autres domaines nos sociétés ont perdu la notion de “responsabilité”. Le système de santé doit prendre ma santé en main, je paie, et donc je suis déchargé de toute responsabilité