820 – L’EUROPE FACE A ELLE-MÊME

Nous arrivons à l’ultime épreuve de vérité. Les pays européens auront-ils un sursaut de survie en serrant les rangs ? Ou bien, par aveuglement, voudront-ils jouer en solo et prendre le chemin d’un long déclin, qui frappera durement les pays du sud ?

Il a fallu d’un simple petit virus pour obliger les européens à se déterminer. Veulent-ils une Europe solidaire et unie, mais supranationale, qui soit capable de prendre sa place face aux hégémonies de l’Est, de l’Ouest, et du Nord ? Ou bien, préfèrent-ils un repli sur soi nationaliste et mortifère qui conduira les plus faibles à la détresse ?

Le nerf de la guerre

Comme toujours, lorsque les choses se gâtent, la finance devient le paramètre essentiel, celui qui peut permettre de se relever ou bien qui, au contraire, mènera à l’asphyxie.

J’ai plusieurs fois attiré l’attention de mes lecteurs sur l’état catastrophique des finances de plusieurs pays européens, trop lourdement endettés, au point qu’ils seront incapables de se relever seuls si un accident de parcours survient. Nous y sommes ! Le coronavirus met les européens face à leurs responsabilités et les pays du Sud face à leurs inconséquences.

Avant la crise sanitaire, l’économie de certains pays du sud était fragilisée par un excès de dette des Etats qui ne survivaient que grâce à des taux d’intérêt extrêmement bas : 138% du PIB pour l’Italie et environ 100% du PIB pour l’Espagne et la France, contre 60% en Allemagne, pays de référence. Je ne parle même plus de la Grèce qui aurait dû quitter la zone euro depuis longtemps et dont la dette de l’Etat atteint 178% du Produit Intérieur Brut !

Mais il faut compter aussi avec la dette des ménages et des entreprises qui vont avoir un rôle déterminant dans la crise économique et financière que nous sommes en train de mettre en place ! Là encore, la situation n’est pas en faveur des pays latins qui abordent cette crise dans les pires conditions. C’est ainsi que la dette totale de la France (Etat, ménages et entreprises) s’élève à 250% du PIB contre 178% en Allemagne.

Encore une fois, tout cela n’a été possible que grâce aux taux bas qui permettent de maintenir en vie des entreprises zombies. Certaines entreprises déjà fortement endettées, y compris des entreprises publiques, abordent la sortie de la crise sanitaire avec un lourd handicap. Renault a 50 milliards de dettes, EDF 63, la SNCF 55 ! Qui demain va leur venir en aide ?

Le décrochage des pays du Sud

Il ne vous aura pas échappé que, par une ironie du sort, les pays du Sud, aux finances calamiteuses, sont aussi ceux qui sont le plus durement frappés par l’infection virale ! Rien n’arrive par hasard, l’inorganisation administrative de ces pays et le manque de civisme des populations mal éduquées, mènent à la ruine économique et à la mauvaise santé.

Quand on voit la foire d’empoigne qui s’est déroulée en France pour s’approvisionner en masques, cela illustre à la fois le manque de civisme et d’organisation d’un pays trop centralisé et trop dépendant d’une administration pléthorique, tatillonne et brouillonne. L’état des banlieues, en situation de quasi-insurrection, porte en germe une guerre civile larvée. Les français n’en semblent pas conscients car leurs media cachent ces informations !

L’incapacité des pays du sud à se réformer, et à assainir leurs comptes, illustre aussi le décrochage des pays latins par rapport aux pays du Nord, plus civilisés, plus responsables et plus lucides. Les Latins ont la fâcheuse tendance à se comporter comme des enfants gâtés et capricieux. Ils veulent gagner de l’argent mais ne savent pas prendre les mesures pour y arriver, ils attendent que l’Etat le fasse à leur place.

L’incapacité de la France à réformer son régime des retraites illustre cette irresponsabilité et cet aveuglement face aux réalités économiques. On pourrait dire la même chose concernant la sécurité sociale qui est chroniquement déficitaire. Il n’y a pas un système étatique ou paraétatique dont les comptes soient équilibrés !

La sélection naturelle

C’est toujours lorsque les conditions deviennent plus rudes que la sélection naturelle fait son œuvre. Les plus fragiles disparaissent et les plus solides subsistent et prospèrent. On le voit pour les êtres vivants lors d’une épidémie grave, et on le constate pour les entreprises et les Etats lors d’une guerre ou de tout autre évènement catastrophique.

Nous voyons tous combien les temps vont être durs pour une grande quantité d’entreprises, petites et grandes, qui devront se transformer extrêmement rapidement ou disparaitre. Qu’en sera-t-il pour les nations européennes qui n’ont pas su profiter des périodes fastes pour se transformer et mettre de l’ordre dans leurs finances ?

Les pays du Sud appellent au secours et voudraient que l’ensemble des pays européens partagent leurs dettes. Ce projet reviendrait à demander aux pays vertueux du Nord de se porter garants des pays du sud mal gérés. Vous porteriez vous garant des dettes de votre voisin trop dépensier, aussi chaleureux et sympathique soit-il ?

Ce sont naturellement les pays les plus endettés et les plus fragiles, dont la France, qui cherchent à faire accepter ce projet par l’ensemble des pays de la zone euro. Heureusement qu’il existe encore des ministres des finances assez lucides pour voir où les mèneraient pareille aventure.

Le plus invraisemblable c’est que des pays comme l’Italie demandent une mutualisation des dettes, sans contrepartie, et sans engagement de corriger leurs excès de dépenses. Qui va verser une louche de soupe dans une écuelle trouée comme une passoire ? Cela n’a pas de sens et on peut s’étonner que le gouvernement français se fasse des illusions sur pareille utopie !

Vers l’éclatement de la zone euro ?

Les autres moyens de financement prévus par la Banque Centrale Européenne consistent à ouvrir le robinet et à prêter aux Etats qui resteront responsables de leurs dettes. Chaque pays ne pouvant emprunter qu’un maximum de 2% du PIB. La mutualisation des dettes européennes ne serait possible que s’il y avait un Etat Européen souverain qui aurait un droit de regard strict sur les budgets des Etats, ce qui est loin d’être le cas actuellement où chaque nation n’en fait qu’à sa tête !

La seule voie possible pour l’Europe est celle que je préconise depuis des années, c’est celle d’une nation européenne forte et unie avec un gouvernement fédéral sur le modèle américain par exemple. Sinon, l’Europe, et surtout la zone euro, dans sa configuration actuelle, doit disparaitre !

Dans quelques mois, les économies des pays du Sud vont se trouver en lambeau, et les pays du Nord vont sortir renforcés. La situation va tout d’abord devenir intenable pour l’Italie qui devra sortir de la zone euro pour survivre. D’autres pays devront suivre…

Dans ces conditions, l’avenir de l’Europe se trouve au Nord. Ces pays devront se regrouper autour de l’Allemagne pour reconstruire un noyau européen avec les pays qui veulent s’engager vers une Europe Fédérale, certes plus petite, mais plus forte, plus cohérente et plus riche.

Les autres pays devront accepter la pauvreté où les aura conduit leur incurie. Ils accuseront le coronavirus et refuseront, une fois encore, de voir la dure réalité en face et n’accepteront pas leur part de responsabilité. Dans quel camp se trouvera la France ? Elle dispose d’un gouvernement suffisamment solide et clairvoyant pour avoir une chance d’accrocher ses wagons à la locomotive allemande. Mais les citoyens français sont-ils assez murs pour sauter le pas vers l’Unité Européenne ?

Un dernier conseil avant de clore ce sombre chapitre : si vous avez quelques liquidités ou, (on se sait jamais), un portefeuille d’actions, je vous conseille de les transférer au Luxembourg par exemple, de façon tout à fait légale bien sûr. Sinon, vous risquez de vous réveiller un lundi matin avec des francs français dévalués sur votre compte en Banque !

Je vous l’avais dit, l’année 2020 va être très difficile… et ce n’est pas fini !

Sauf miracle, l’Union Européenne, et la zone euro en particulier, entrent dans une période de grande turbulence qui ne laisse pas beaucoup de choix : soit la mise en place d’un gouvernement fédéral qui permet la mutualisation de la dette, soit l’éclatement de l’ensemble et la grande pauvreté pour les pays Latins. C’est dans les circonstances exceptionnelles que l’on découvre les peuples exceptionnels ! L’heure est grave…et je suis triste.

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2 commentaires

  1. Vraiement, mais vraiement pas d’accord avec toi , Yves ! Vauvenargues dixit : “ce que vous me dites est vrai , mais le contraire l’est tout autant “

    1. Oui Jean, je sais que sur ce thème nous ne sommes pas d’accord ! Tu connais mon intime conviction… Je pense que la France est incapable aujourd’hui d’être suffisamment vertueuse pour faire face à la concurrence mondiale. Seule l’Europe et l’aiguillon Allemand peut nous obliger à se réformer et seule l’Europe peut exister sur l’échiquier mondial et faire le poids face aux hégémonies.
      Mais j’admet aussi, comme Vauvenargues que l’on puisse plaider le contraire…
      Affections

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