Les perturbations climatiques ne constituent sans doute pas les plus graves dangers qui nous menacent. Nos sociétés ont des capacités d’autodestruction si considérables et si menaçantes que c’est la survie de l’humanité qui est en jeu. Le climat retrouverait alors son équilibre naturel…
Plus j’observe la société occidentale dans laquelle je vis, plus je suis alarmé par son état de délabrement. Chaque aspect que j’étudie au fil de mes chroniques me fait prendre davantage conscience de notre déclin collectif dont nous sommes tous responsables. Relire chronique 792 « Autodestruction 1» et 899 « Autodestruction 2»).
L’autodestruction de notre société, que nous vivons en live, est devenue une préoccupation majeure, mais je me sens démuni. Il ne me reste que l’écriture pour sonner le tocsin ! Certes, nous sommes encore collectivement les plus riches du point de vue économique et les plus forts du point de vue militaire, mais nous sentons les lézardes apparaitre dans la structure et nous craignons un effondrement soudain.
J’ai déjà énuméré nos nombreuses faiblesses, que beaucoup refusent de voir, et qui nous fragilisent. Généralement, les sociétés sont comme les individus, responsables de leur destin et rien n’arrive par hasard. Il suffit d’observer de l’extérieur le comportement habituel d’un individu pour anticiper son parcours futur. Il en est de même pour le devenir des sociétés humaines qui ont un plus grand espace de liberté que les sociétés animales. Les sociétés humaines qui périclitent en sont collectivement responsables, c’est pourquoi l’on peut parler d’autodestruction !
Les maux de l’Amérique
Les Etats-Unis sont, plus que jamais, le phare avancé de l’Occident qui, les yeux fermés, suit ses extravagances et ses succès. Observer l’Amérique d’aujourd’hui, c’est anticiper ce qu’il adviendra dans le reste des pays qui demeurent sous influence américaine.
L’Amérique est un colosse aux pieds d’argile. Elle a la puissance économique, financière et militaire. Mais les individus qui constituent le cœur vivant de cette société semblent être pris d ’un doute existentiel. Les gouvernements et les élites sont sûrs de leur puissance et ont des visées hégémoniques sur le reste du monde, mais l’Amérique profonde commence à perdre la foi dans son destin.
Il suffit d’observer les symptômes. Comment se fait-il que le pays le plus riche du monde, le pays qui dépense le plus d’argent pour la santé de ses habitants, (18,3% du PIB), soit aussi celui où l’espérance de vie baisse le plus vite ? J’ai déjà écrit que j’anticipais une baisse de l’espérance de vie dans l’ensemble des pays occidentaux en considérant l’état sanitaire des populations qui se dégrade dans un laisser-aller généralisé.
Les USA sont donc, une fois encore, des précurseurs. En 2021, l’espérance de vie à la naissance n’était plus que de 76,1 ans, en baisse de 2,7 ans en seulement deux ans ! « Un américain sur 25 âgé de 5 ans n’atteindra pas l’âge de 40 ans » révèle une enquête approfondie du Financial Times. C’est 4 à 5 fois plus que dans les autres pays développés et les causes sont connues : homicides, accidents de la circulation, suicides, overdoses et obésité… autrement dit : autodestruction !
Avec près de 50.000 morts par an, le taux de suicide a augmenté de 70% en vingt ans. A cela il faut ajouter 50.000 morts sur les routes, 26.000 homicides et surtout 100.000 morts par opiacés, sans compter la masse de ceux dont la santé est dégradée pas l’abus de drogues addictives. Une société dont une partie de la jeunesse a besoin de drogues chimiques pour survivre est une société gravement malade.
Même la mortalité maternelle est 3 à 10 fois supérieur à ce qu’elle est dans les autres pays développés ! Mais le véritable mal de l’Amérique, celui qui préfigure ce qui arrive en Europe, c’est l’épidémie d’obésité avec les terribles conséquences qui en découlent.
Ce qui est sûr, c’est que l’hygiène de vie et surtout l’alimentation jouent un rôle prépondérant, au point que les populations d’origine Amérindienne ont une espérance de vie à la naissance de seulement 61,5 ans tandis que les populations d’origine asiatique ont une espérance de vie de 81,2 ans.
On retiendra aussi que l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les 1% les plus riches et les 1% les plus pauvres est de 14,6 ans…
La pollution chimique
L’autodestruction n’est pas seulement individuelle, elle est collective. La pollution chimique constitue sans doute la plus grande des menaces, non seulement pour l’humanité, mais aussi pour l’ensemble de la biosphère. Étant donné leur inaction, les autorités sont grandement responsables d’une catastrophe annoncée.
Quelle que soit la direction que l’on observe, nous constatons de graves dangers qui s’accumulent. Chaque jour qui passe, nous découvrons de nouvelles menaces qui nous étaient cachées ! C’est ainsi que l’on vient d’apprendre qu’en France les incinérateurs des ordures ménagères déversent dans l’atmosphère des quantités si considérables de polluants persistants que les poules élevées en plein air pondent des œufs qui contiennent des quantités de dioxines, de furanes et de PCB 40 à 50 fois supérieurs aux seuils règlementaires européens !
Il s’agit de polluants éternels qui sont « présents dans tout l’environnement urbain, et non pas spécifiquement aux abords des incinérateurs » précisent les auteurs de l’étude. Ils font partie de la douzaine de produits chimiques, dénommée « dirty dozen » (douzaine sale), très toxiques et très persistants. Ils ont la particularité d’être absorbés par les tissus adipeux et d’imprégner progressivement l’organisme. « Il n’existe aucun traitement pour éliminer ces substances de l’organisme » précise l’autorité sanitaire.
Les conséquences sont connues, mais nous voulons rester aveugles et sourds face à une réalité qui dérange : augmentation du risque de cancer, trouble de la fertilité, perturbation du système endocrinien et du métabolisme… et finalement une action néfaste sur l’espérance de vie !
Les polluants éternels
J’ai déjà décrit les « polluants éternels », aussi indestructibles que toxiques, à la fois pour les humains et le monde vivant en général. Relire chronique 971 « Exterminations ». Il s’agit des désormais célèbres PFAFS (substances per et polyfluoroalkylées) ultratoxiques mais dont on nous dit que la commission européenne « réfléchit à son interdiction globale ».
Pendant que les experts réfléchissent depuis des dizaines d’années sans agir, nous subissons une longue liste de pathologies : cancers, baisse de la fertilité, maladies cardiovasculaires, perturbations immunitaires, etc… Ces polluants éternels sont présents partout et, en particulier, dans les emballages alimentaires.
Plus récemment, les PFAFS sont impliqués dans la pandémie d’obésité qui sévit un peu partout à travers le monde. « En Europe, un enfant d’âge scolaire sur trois est déjà en surpoids ou obèse » et la malbouffe n’est pas toujours le principal facteur. Mais quand on sait les graves conséquences de l’excès de poids sur la santé, on comprend mieux la baisse de l’espérance de vie dans de nombreux pays.
Des études expérimentales ont montré que même en suivant un régime hypocalorique et sain, les patients qui ont un taux plasmatique élevé en PFAFS ne parviennent pas à perdre du poids. Dès l’arrêt du régime les sujets reprennent vite du poids. En conclusion, « Les gains de poids s’expliquent autant par des taux sanguins élevés de PFAFS que par des régimes alimentaires défavorables », résume le principal auteur de l’étude.
Ces PFAFS sont retrouvés dans le sang de 100% des adultes et des enfants et les experts suggèrent que « ces polluants contribuent à la pandémie d’obésité ». Les français qui me lisent ne seront pas rassurés quand ils prendront connaissance du dernier rapport de l’inspection générale de l’environnement qui donne la précision suivante : « les nappes phréatiques françaises ont atteint des concentrations record de PFOA (polluant des poêles antiadhésives en Téflon), proches de 10.000 ng/l dans le secteur de Paris » Il faut préciser que la recommandation consiste à ne pas dépasser une concentration de 4 ng/l dans l’eau potable !
Les pesticides, toujours et encore !
Dans l’Union Européenne, 350.000 tonnes de pesticides sont déversées chaque année et ces chiffres ne faiblissent pas malgré les nombreuses mises-en-garde. « Il est inquiétant de constater que tous les pesticides contrôlés ont été détectés à des concentrations plus élevées chez les enfants que chez les adultes » peut-on lire dans une note de l’Agence Européenne.
Les eaux des lacs et des rivières contiennent des doses de pesticides qui dépassent les niveaux conseillés ou autorisés. Il s’agit de l’imidaclopride, insecticide de la famille des néonicotinoïdes, et de l’herbicide métolachlore.
Dans les eaux souterraines on trouve des quantités excessives d’Atrazine, un herbicide tenace, interdit depuis 2007 !
Une étude réalisée dans plusieurs pays de l’Union Européenne vient de démontrer qu’au moins deux pesticides sont présents dans 84% des individus, tandis que 83% des terres agricoles sont polluées par des résidus de pesticides.
Les insectes sont les premières victimes, en déclin de 76% dans les zones protégées en 25 ans ! La disparition des oiseaux en est la conséquence directe. Les menaces sur notre santé engendrent la même litanie : maladies cardiaques, respiratoires, neurologiques et cancer. Malgré des chiffres à faire froid dans le dos, de nombreux citoyens rechignent encore à se tourner vers des produits issus de l’agriculture biologique ! L’aveuglement des humains ne cessera de nous étonner…
« Il n’est nullement certain que l’humanité parvienne à atteindre la fin de ce siècle » écrivais-je de façon un peu provocatrice dans ma chronique 963 – MENACES SUR LA SURVIE DE L’HUMANITE ? Je confirme cette inquiétude : l’humanité pourrait être décimée plus ou moins globalement.
Comme vous pouvez le constater, nous avons quelques soucis à nous faire ! Pas étonnant que les jeunes couples parviennent difficilement à faire des enfants, y compris en Afrique où les femmes ont recours de plus en plus souvent à la procréation médicale. En comparaison, le réchauffement climatique apparait comme une vaste plaisanterie qui va rapidement s’autoréguler !