189 – “DEMAIN ON RASERA GRATIS”

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  Nous sommes dans le midi de la France pour deux semaines. Je pourrais vous parler de l’automne magnifique, du ciel bleu, des 28° que nous avons dans la journée, de nos promenades dans les vignes qui commencent à s’empourprer ou encore des vendanges qui viennent de se terminer. Cette année sera un millésime exceptionnel !

Mais hélas il me faut à nouveau parler d’économie car l’Europe vit une période dramatique de son histoire.

Il faudra boire le calice jusqu’à la lie. L’Europe est chaque jour davantage humiliée par

Boïko Borissov

manque d’audace. Vous avez entendu parler de la Bulgarie, ce petit pays rescapé du communisme, qui n’est que plaies et bosses, pauvre et sans ressources, aux confins orientaux de l’Europe, respectable au demeurant. Figurez-vous que son Premier Ministre, Boïko Borissov, vient de sermonner vertement les « Pays riches » de la zone Euro ( je mets des guillemets car ces pays n’ont désormais de riche que le nom !) Le sieur Borissov s’insurge donc contre « l’indiscipline budgétaire » des Etats et il ordonne :  « Que les Etats ne dépensent que ce qu’ils gagnent ». Tout cela est frappé du plus grand bon sens mais le bon sens ne semble pas être arrivé jusqu’ici ! Il poursuit : « Notre position est catégorique : personne n’est obligé de prendre l’argent des contribuables pour le verser à celui qui n’est pas discipliné ». Je dois avouer que je suis assez d’accord avec ce Monsieur Borissov. La suite est encore plus sévère puisque cet homme de bon sens propose aux pays endettés de « réduire les salaires et les retraites au niveau de la Bulgarie » ! C’est là que ça coince. Nous voulons bien être en concurrence avec la Bulgarie, mais nous voulons rester plus riches qu’eux. Illusions ?

Il faut écouter les informations Françaises, c’est assez surréaliste. Je crois que ce pays  se trompe de siècle ; il raisonne comme raisonnait mon père. Cet honnête homme raisonnait fort bien, mais sa pensée était celle de son temps, c’est-à-dire un temps où l’économie Européenne était florissante et en croissance. La France prépare déjà les élections ; il n’y a que ça qui intéresse les media. Le bateau est en train de couler, mais l’important, c’est de savoir quel est le rigolo qui va s’installer à l’Elysée. On croit rêver quand on entend les hommes politiques qui pérorent sur les estrades et brassent de grandes idées creuses.  Dès que je serai élu, je vous offre la retraite à 60 ans , j’augmente tel budget de 40%, je crée des centaines de milliers d’emplois, j’augmente le nombre de fonctionnaires etc… Quand on leurs demande qui va payer tout cela, la réponse est simple : « les riches doivent payer ». Comme l’écrit l’américain Bill Bonner dans une chronique récente, « En France on a déjà taxé les riches à peu près au maximum de ce qu’ils peuvent supporter. Les autorités ont également dépouillé les futures générations autant qu’elles le pouvaient ». 

  Parce que pour être élu, il faut promettre. En démocratie on ne vote pas pour celui qui ne vous fait pas rêver. Au diable l’avarice ! Faire des économies, cela ne fait rêver personne ! Mais si vous promettez de dépenser l’argent des riches, vous avez là un slogan mobilisateur pour être élu. Donc les Français se préparent à dépenser plus. Ils n’auront bientôt plus de riches car les riches peuvent soit accepter de devenir pauvres, soit aller voir ailleurs. C’est au choix. A ce moment-là, cela sera la fin de l’Etat Providence et les Français auront suivi les conseils de Monsieur Borissov et auront des salaires alignés sur ceux de la Bulgarie.

Le plus pitoyable est encore ailleurs ! Il faut entendre les candidats à l’élection présidentielle qui parlent comme s’ils étaient les maîtres du monde : nous allons faire telle réforme au niveau Européen, nous allons réguler la finance internationale, nous allons imposer la réforme du commerce mondial ! Cela atteint le délire paranoïaque et, à les entendre, l’on ne sait plus si nous devons en rire ou en pleurer. Le pire c’est qu’il se trouve encore des idiots pour applaudir. Comme vous le voyez, la démocratie offre d’elle-même une image bien peu reluisante… Bref, la France ne semble pas en état de relever les défis du siècle, il est peut-être mieux pour elle qu’elle se résigne à la médiocrité et qu’elle continue à rêver de sa grandeur passée.

Ce n’est pas en regardant du côté des Etats-Unis que l’on trouvera du réconfort. Les dettes de l’Amérique sont moins dans les largesses de l’Etat Providence que dans les ambitions militaires. Les Américains sont les maîtres du monde et aimeraient le rester ; tout cela coûte fort cher. «  Pour chaque assisté français, les Etats-Unis soutiennent deux soldats et un sous traitant du Pentagone. Le coût est vertigineux… et probablement encore plus irréductible que les coûts sociaux en Europe » conclut Bill Bonner.

  En attendant le régime Bulgare, réjouissez-vous, car votre coiffeur a installé définitivement une pancarte sur sa vitrine, sur laquelle est écrit en gros caractères et en plusieurs langues : « Demain on rasera gratis »

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